Bon, je dois être honnête avec ceux qui liront ces lignes, je ne suis pas un fan de Juliette Binoche et j'apprécie tout juste l'acteur Benoit Magimel. Alors, inutile de dire que je suis allé voir ce film pour le réalisateur. Conclusion de cette critique est simple : allez-y ! Ce film est un chef-d'œuvre.
D'abord, il y a le rythme. La cuisine est filmée avec lenteur, subtilité, douceur. On comprend que les légumes ont dû pousser avant d'être cueillis puis cuisinés avant d'être servis et que tout cela ne peut se faire en deux clics de souris. Une cuisine d'avant, du milieu du 19e siècle sans électricité, sans électroménager, et tous ces appareils qui facilitent notre vie depuis des décennies. Tout contribue dont à la lenteur. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que l'on comprend que les personnages sont là. Les longs plans séquence donnent le rythme et imposent les acteurs dans leurs rôles. Leur relation apparait plan après plan. On comprend le respect, la complicité et enfin l'amour entre les deux protagonistes. Mais le plus important, et le film y reviennent sans cesse, c'est la cuisine. Une cuisine qui n'existe plus, trop grasse, trop lourde, trop lente en fait pour nous, qui vivons trop vite pour apprécier la lenteur. Les minutes passent et on est happé par les magnifiques plans successifs, par les dialogues sans un mot de trop, par les gestes précis et par le contrepoint apporté par la jeune apprentie intimidée qui ne sait pas encore qu'elle a de l'or dans le palais, les mains et le regard. Au sortir de ce film, je suis réconcilié avec les deux acteurs et toujours admiratif devant l'intelligence sensible du réalisateur.