Voilà un film qui divise. Les uns adorent les autres détestent.
Le film se déroule en 1888. L’un des personnages annonce que Escoffier à 38 ans vient de s’associer à Ritz, pour ouvrir un palace à Monté Carlo, c’est le début de la gastronomie car il a rédigé des livres de recettes de cuisine.
Au début du film, le spectateur est immergé dans la préparation d’un repas, servi par une femme à des hommes. Puis ceux-ci vont à la cuisine pour la féliciter, en lui disant combien elle les a régalés et qu’ils regrettent sincèrement qu’elle ne partage leur table, la cuisinière explique que cherchant la perfection des mets elle ne le peux car elle se doit de les surveiller attentivement.
Ce film met en scène la passion des deux personnages Dodin et Eugénie, pour la cuisine, dans le but de procurer du plaisir à leurs amis, et celle qu’ils ont l’un pour l’autre. L’auteur développe la complémentarité entre le désir et le plaisir, à la fois dans la gastronomie et dans l’amour. La préparation des repas est très méticuleuse, cela commence par le choix des produits, qui entraîne une relation avec le maraîcher, afin d’attendre le meilleur moment pour récolter chaque légume, puis l’assaisonnement, la cuisson, passer les sauces au chinois ( entonnoir perforé) qui affine le goût de la préparation. (Pour ceux que cela a ennuyé , l’auteur nous a épargné la préparation du feu, dans le fourneau et les contraintes de déplacer les casseroles dessus en fonction de la chaleur! ) Car la cuisine n’est pas le sujet du film mais plutôt une interrogation, par rapport à la réponse immédiate aux désirs, grâce aux nouvelles technologies. Le désir permet d’accéder à un maximum de plaisir, dont l’intensité avec ses rituels ( la dégustation des bécasses faisandées sous les serviettes de table pour en garder le maximum de parfum) sera proportionnelle à l’attente et la préparation.
Le raccord des images de la poire et de la silhouette d’Eugenie n’est pas seulement formel, mais explicite la similitude des deux démarches vers le plaisirs.
Dodin et sa cuisinière évoque leur relation amoureuse construite sur les même exigences, Dodin monte vers la chambre de son aimée, discrètement, lentement,(comme dans la chanson d’Henri Salvador » Quand je mont', je mont', je mont', je mont' chez toi, j’ai le cœur qui saut’ de joie… ») sans savoir s’il sera accueilli. Eugénie l’attend et imagine sa progression dans les couloirs. Le plaisir est aussi lié à la liberté de chacun …la porte est, soit ouverte, soit fermée.
Lorsque Dodin demande à la cuisinière l’épouser et de partager sa chambre celle ci ne le souhaite pas, leur relation serait convenue et répétitive, moins d’attente, de suspense, de plaisir.
Dodin aime la vie, il transmet sa passion à la jeune apprentie qui a d’étonnantes capacités, et après le décès d’Eugenie, il continuera sa quête du plaisir attendu, en recherchant une nouvelle cuisinière, qui ait la même exigence.
Ce film aurait mérité d’être suivi d’un repas composé de plats montrés dans le film, comme l’avait fait certains cinémas après la projection du film »le festin de Babeth »!