Chair et Chère !
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𝐿𝑎 𝑃𝑎𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝐷𝑜𝑑𝑖𝑛 𝐵𝑜𝑢𝑓𝑓𝑎𝑛𝑡 de Tran Anh Hung s’impose comme une œuvre d’une finesse rare, où chaque plan est soigneusement composé comme une toile de maître. La caméra, souvent comparée à un pinceau, sculpte la lumière et les textures des aliments avec une telle précision qu’on se croirait devant une peinture en mouvement. Jonathan Ricquebourg, à la direction de la photographie, parvient à magnifier chaque geste, chaque ustensile, créant une ambiance visuelle qui évoque les grandes natures mortes du XIXe siècle. Le moindre détail, du velouté d'une sauce aux éclats de lumière sur un plat de porcelaine, est traité avec une minutie qui confère au film une dimension quasi tactile.
La maîtrise technique du film ne s’arrête pas là. Chaque mouvement de caméra est calculé pour suivre l’intimité des personnages dans la cuisine, renforçant l’idée que cuisiner est un acte d’amour, un rituel partagé. La reconstitution minutieuse de la cuisine d’époque, sans électricité, et les décors riches en détails, contribuent à faire de chaque scène un tableau vivant, où la cuisine devient une véritable forme d’expression artistique.
Du côté des interprétations, Benoît Magimel impressionne une fois de plus par la justesse et la profondeur de son jeu. Il incarne Dodin Bouffant avec une aisance naturelle, mêlant autorité et tendresse, révélant toute la complexité d’un homme passionné par son art et par Eugénie, interprétée avec délicatesse par Juliette Binoche. Ensemble, ils forment un duo dont l’alchimie se ressent à travers chaque regard et chaque geste, leur relation s’inscrivant dans la continuité de leur création culinaire. Leurs performances, soutenues par les jeunes actrices Galatéa Bellugi et Bonnie Chagneau-Ravoire, renforcent l’idée que la cuisine n’est pas seulement une question de goût, mais une affaire de transmission, de respect et d’amour.
En somme, 𝐿𝑎 𝑃𝑎𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝐷𝑜𝑑𝑖𝑛 𝐵𝑜𝑢𝑓𝑓𝑎𝑛𝑡 est une expérience visuelle et émotionnelle intense. Tran Anh Hung sublime l’art de la cuisine en en faisant une métaphore de la vie et de l’amour, soutenu par des performances exceptionnelles et une mise en scène qui touche à la perfection. Un film qui se déguste comme un grand cru, en laissant à chaque plan le temps de s’imprimer dans nos sens.
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