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Wicked
6.6
Wicked

Film de Jon M. Chu (2024)

Il est des films qui, par leur ambition et leur déploiement visuel, promettent une expérience cinématographique mémorable. 𝑊𝑖𝑐𝑘𝑒𝑑, l'adaptation du célèbre musical de Broadway réalisée par Jon M. Chu, semblait être de ceux-là. Dès les premières minutes, le spectateur est immergé dans un univers d'une richesse esthétique indéniable. Les décors somptueux évoquent un Oz à la fois familier et réinventé, où chaque détail témoigne d'un soin méticuleux. Les costumes, véritables œuvres d'art, habillent les personnages d'une aura féerique, tandis que les éclairages chatoyants confèrent aux scènes une atmosphère envoûtante. La direction artistique brille par sa créativité, offrant un festin visuel qui capte immédiatement l'attention.


La partition musicale, héritée du spectacle original, est portée par des compositions entraînantes et des performances vocales remarquables. Certaines mélodies résonnent longtemps après la projection, témoignant de leur puissance émotionnelle. Cependant, cette réussite musicale ne parvient pas à masquer les failles profondes qui minent le film.


Dès que l'intrigue s'installe, 𝑊𝑖𝑐𝑘𝑒𝑑 s'embourbe dans une narration laborieuse. S'étirant sur près de deux heures quarante, le film donne l'impression d'une interminable introduction, une mise en place qui peine à trouver son rythme. Jon M. Chu, pourtant habitué aux grandes fresques musicales, semble ici manquer d'inspiration. Sa mise en scène, étonnamment plate, manque cruellement de dynamisme et d'audace. Les chorégraphies, bien que techniquement impeccables, sont filmées de manière conventionnelle, sans cette étincelle qui pourrait les sublimer. La caméra se contente de capturer l'action sans jamais l'exalter, oubliant le potentiel du langage cinématographique pour transcender le spectacle. On pense aux téléfilms Disney des années 90 et 2000, où la réalisation se faisait discrète, au service du seul divertissement, afin de laisser la chorégraphie s'exprimer dans sa pureté brute, ce qui les rapprochait bien plus d'une captation que d'une véritable mise en valeur cinématographique.


Le scénario s'enlise dans les clichés du teen movie. Les personnages secondaires, à peine esquissés, manquent de profondeur et de consistance. Ariana Grande incarne une Glinda stéréotypée, incarnant la fille populaire superficielle, dont l'évolution est quasiment inexistante tout au long du film. Si son personnage était censé gagner en complexité, il demeure désespérément plat, rendant difficile toute empathie. Malgré le talent vocal indéniable des acteurs, les relations entre les protagonistes manquent de relief, et les dialogues peinent à insuffler de la vie à l'intrigue. On assiste à une succession de scènes qui s'enchaînent sans véritable conviction, laissant le spectateur en quête d'une émotion qui ne vient jamais.


Les effets spéciaux, pourtant essentiels dans un tel univers, déçoivent par leur inconstance. Les fonds verts mal intégrés et les images de synthèse approximatives créent une impression d'artificialité qui contraste avec la beauté des décors et des costumes. Cette incohérence visuelle affaiblit l'ensemble, empêchant la magie d'opérer pleinement. Le spectateur est sans cesse ramené à la réalité, conscient des artifices plutôt que transporté par l'imaginaire.


Il est également regrettable que le film se conclue sur une note inachevée, annonçant une suite à venir. Cette décision de scinder l'histoire en deux parties apparaît comme une maladresse narrative. Après une durée déjà conséquente, le spectateur est laissé sur sa faim, sans avoir le sentiment d'une progression significative. Cette fragmentation dilue l'intensité dramatique et affaiblit l'engagement émotionnel.


En fin de compte, 𝑊𝑖𝑐𝑘𝑒𝑑 laisse un goût amer, celui d'une promesse non tenue. Malgré ses atours séduisants, le film échoue à captiver et à émouvoir. La magie d'Oz, pourtant si chère à notre imaginaire collectif, ne parvient pas à renaître sous cette forme. Ce qui aurait pu être une réinterprétation audacieuse et enchanteresse se mue en une expérience fade, où l'émerveillement cède la place à l'ennui.


Le cinéma musical a cette capacité unique de fusionner le récit, la musique et la mise en scène pour créer une alchimie émotionnelle puissante. Ici, cette alchimie ne prend pas. 𝑊𝑖𝑐𝑘𝑒𝑑 se contente d'aligner les tableaux sans jamais leur donner de profondeur ou de sens. La forme l'emporte sur le fond, et le spectacle, bien qu'esthétiquement plaisant, reste superficiel.


Il est dommage qu'une telle débauche de talents et de moyens aboutisse à un résultat aussi tiède. On ne peut s'empêcher de penser à ce qu'aurait pu être le film avec une vision plus affirmée, une mise en scène plus inventive, et une véritable volonté de raconter une histoire touchante et universelle. En l'état, 𝑊𝑖𝑐𝑘𝑒𝑑 est un écrin vide. La magie promise n'est pas au rendez-vous, et l'attente d'une suite ne fait qu'accentuer cette déception. Espérons que la seconde partie saura insuffler la vie qui manque cruellement à cette première.

dosvel
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il y a 6 jours

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