𝐵𝑎𝑏𝑦𝑔𝑖𝑟𝑙, ambitionne de plonger dans les profondeurs de la fascination qu'exerce l'apparence sur nos relations, en explorant le désir, la domination et les rapports de force dans une société obsédée par la jeunesse éternelle et les masques sociaux. Sur le papier, le projet s’annonce audacieux, promettant de marier un drame psychologique à un thriller érotique. Pourtant, malgré la présence d’acteurs prestigieux et quelques fulgurances visuelles, le résultat reste largement en deçà de ses ambitions.
Dès l’ouverture, la mise en scène tente d’instaurer une tension explosive, portée par Nicole Kidman dans le rôle d’une femme de pouvoir fascinante et vulnérable. Antonio Banderas, campant un personnage ambigu, renforce l’atmosphère de manipulation et de suspicion. Ces performances auraient pu constituer le cœur d’une joute psychologique captivante, si la direction d’acteurs ne s’était pas révélée inégale. Le personnage interprété par Harris Dickinson, censé être un pivot de l’intrigue, semble décalé, son potentiel dramatique entravé par un jeu inexpressif, des dialogues verbeux et une écriture laborieuse.
Cette impression de déséquilibre se reflète également dans la réalisation, oscillant entre une approche trop statique et des éclats de flamboyance esthétique qui ne durent que quelques instants. Si certaines scènes parviennent à capturer un souffle érotique ou un léger vertige sensoriel, elles se trouvent noyées dans un montage confus, incapable de soutenir la montée en puissance que le récit aspire à instaurer. Pourtant, la musique originale captivante de Cristobal Tapia de Veer aurait pu souligner la tension sous-jacente, si seulement l’ensemble avait su articuler ses éléments dans une vision cohérente.
Sur le fond, 𝐵𝑎𝑏𝑦𝑔𝑖𝑟𝑙 tente d’examiner la pression sociale liée à l’âge et à l’apparence, dépeignant un univers où la manipulation et la quête de perfection brouillent les repères moraux. Malgré cette thématique intéressante, bien qu’exploitée à outrance dans de nombreuses productions récentes, le propos s’épuise rapidement sous le poids de discours trop appuyés. La dimension intime et charnelle, censée nourrir l’intrigue, se réduit à quelques scènes se voulant émoustillantes mais peinant à donner corps au récit. Plutôt que de se faire le révélateur des obsessions de notre époque, le film glisse vers un exercice de style inabouti.
𝐵𝑎𝑏𝑦𝑔𝑖𝑟𝑙 n’est pas dépourvu de pistes captivantes et pourrait intriguer certains spectateurs en quête d’une œuvre mêlant tentation érotique et réflexion sur l’emprise. Hélas, l’ambition du projet se heurte à une exécution brouillonne, laissant une impression d’inachevé.