La Passion du Christ par J. Z. D.
Une ode à la violence, à la haine et à la souffrance. Melou est décidément un réalisateur de génie ! Quand on voit la méchanceté et l'imagination dont font preuve Juifs et Romains pour faire mal à Notre Sauveur, il y a de quoi s'arracher les yeux, se poser des questions ? Mais pourquoi est-ce que je reproduis cette haine chaque jour ? Pourquoi je vais faire la guerre à des gens qui m'ont rien fait ? Pourquoi je bats ma femme à grand coup de ceinture parce que les enfants pleurent ? Pourquoi tant de haine ? Parce que nos Péchés sont grands, et le Fils de Dieu, doit souffrir pour l'humanité entière (une majuscule de plus ?) pardon, l'Humanité Entière !
Regardez les vils juifs ourdir les pires complots, regardez ces brutes avinés de romains qui frappent avec plaisir le p'tit Jésus ! "Ces batards de romains ont bien fait d'disparaitre ! Mais les juifs, on s'vengera, sachez le !" normalement Melou le dit en anglais, mais j'ai pas retrouvé l'enregistrement d'la soirée où il explique ça à son église de barjots !
On peut être donc rebuté par toutes cette violence qui est pourtant le coeur du message, alors on pourrait s’intéresser à des détails marrants, faut quand même que je justifie ma note.
1- L'humour ! L'humour, toujours ! Et bah oui, les p'tits gars, sous les pavés ensanglantés, la plage, non les blagues ! Vous vous rappelez les petits démons palestiniens qui traquent Judas, c'était drôle ça ? Ou alors, l'moment où ils jettent Jésus dans l'vide des murailles en l'accrochant par les pieds, hihihi, ils sont fous ces Romains ! Ou genre après avoir fouetté le dos de Jésus à mort, le chef, on croit qu'il dit que c'est fini, et non, on retourne Jésus, et on fouette le ventre, huhu ! Cocasse !
2- Une réalisation mortelle ! A propos d'cette scènes de fouet, avec les accélérations/ralentis mémorables sur le coup qui part, tchark, ça déchiquette, ça arrache, gerbe de sang, ça repart, c'est artistique, c'est bluffant ! Et puis la scène où Judas il va réclamer ses pièces, avec le ralenti mortel sur ces sous, et boum badaboum tout par terre, et après il veut rendre l'argent, hohoho.
3- Parce qu'en fait, ils lui reprendront pas son argent, il a été piégé, et c'est le petit trois, une intrigue digne des plus grands polars, une psychologie percutante, pauvre Judas, qui va se pendre, et le diable qui rôde avec un bébé dégueulasse et énigmatique, presque Lynchien (de prairie ?), et puis pauvre Pierre, qui renie trois fois, et la tristesse de sa mère qui passe la serpillère après la scène du fouettage, ce regard, cette émotion, quelle profondeur dans les personnages.. Enfin les autres que Jésus, évidemment, dont seules les plaies sont profondes.
4- Et puis c'est un film culturel, la fin de l'hégémonie du tout américain ! Ici, on parle latin, on parle hébreux, on parle araméen, et ça, c'est fort, c'est courageux !
5- Des gueules ! (Pas dégueule, hein ?) Quand c'est un vieux rital lassé des péplum qui s'met à faiire des films cow-boy tout l'monde trouve ça génial, mais quand Melou, qui a un casting de malade, certes d'inconnu mais quand même, il nous prend des juifs que même dans Rabbi Jacob ils les ont trouvé un peu faux, il y a des romains que la brute et l'truand à côté c'est des gamines, il y a Jésus, qui a cette tête déboitée jusqu'à l'os, et puis il y a ma scène préférée : le passage chez l'tueur de bébés, Hérode, avec les travelos et les prostitués complètement défoncés, qui ne tiennent plus debout, le tigre en laisse, et cette rencontre magistrale dans la salle du trône !
Comptez donc un point pour le minimum, plus un point par apôtre, moins deux pour Judas, moins deux pour le diable, plus un pour les petits Palestiniens démons, moins cinq pour le gore qui va un peu loin, mais plus trois pour l'humour et les ralentis, plus un facteur chance, plus un par langue différente, moins un dé à six faces, plus mon humeur du jour, sept !
Et j'ai à peine évoqué certains thèmes, c'est fou tout c'qu'il y a dans c'film, faudrait l'voir plusieurs fois !