Onze cavaliers britanniques dans le désert, claque un coup de feu, l’officier succombe.
C’était un brave type.
Mais, pas un soldat. Rétorque Victor McLaglen, un sergent un brin lapidaire.
Seul le tué connaissait l’objectif de la mission. Perdus, ils trouvent refuge dans une oasis. La tension tombe et les langues se délient. Quoi de plus bavard que des soldats ? Objectivement, entre deux combats, ils n’ont rien d’autre à faire que de rêver, râler, critiquer, provoquer, fantasmer. La nuit suivante, le jeune idéaliste est poignardé et les chevaux dérobés. Ils sont piégés. Si l’inquiétude ronge l’excellent sergent, la troupe demeure insouciante. La vie reprend et, avec elle, les sempiternelles conversations de corps de garde, réminiscences de femmes plus ou moins fidèles, plus ou moins accessibles, de putes et de mères, de soirées alcoolisées... Il fait si chaud.


John Ford adapte un roman de Philip MacDonald. À l’heure où le cinéma contemporain nous inflige des séances de plus deux heures aux budgets pharaoniques, il est salutaire de rappeler que Ford parvint à tourner une histoire complexe avec seulement onze acteurs, vingt-trois jours de tournage et 200 000 dollars, pour ne livrer, au final, que 66 minutes de pellicule.


Oubliez la guerre. La patrouille perdue est moins un film d’action, qu’une étude de caractère de soldats de métier. Les portraits sont justes, les personnages parfaitement écrits. Le coureur, l’alcoolique, le boxeur, le gamin... Ces vieux guerriers sont plus affectés par la mort de leurs chevaux que par celles de leurs copains. Il faudra attendre que la moitié de la section ait été fauchée par l’ennemi, pour que naisse la peur, voire la folie. La raison du très pieux Boris Karloff vacille, son cabotinage surjoué est la seule fausse note du film. Plus que la peur de mourir, nos cénobites craignent la solitude. Ils paniquent à l’idée de se retrouver le dernier. La tension monte, bien accompagnée par les accords orientaux, alternant avec les guillerets appels du clairon, de Max Steiner, qui lui vaudront sa première nomination (sur vingt-six) aux Oscars. Ford joue avec nos nerfs, nous tressaillons au moindre bruit, redoutant le fatal coup de feu qui nous privera d’un camarade.


Putain de tireur embusqué...

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le 28 mars 2019

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Step de Boisse

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