Interview avec les deux réalisatrices
Lauréates du Meilleur Film de Fiction Suisse pour leur film "La petite chambre", Véronique Reymond et Stéphanie Chuat, les deux réalisatrices romandes étaient toute enthousiasmées par la sortie du film en Suisse alémanique.
Vous avez reçu samedi dernier le prix Suisse pour le Meilleur Film de Fiction. Comment avez-vous vécu cette cérémonie?
Véronique Reymond: On était très émues. Pour nous qui venons du théâtre c’est un cadeau qui nous honore car cela nous donne une légitimation dans le monde du cinéma. C’est un grand honneur d’être reçu comme prenant part du milieu cinématographique suisse.
Stéphanie Chuat: J’ai été très émue aussi. Comme la cérémonie était assez longue il se passe beaucoup de choses dans la tête durant cette cérémonie, et plus la soirée avançait, plus je pensais que le film ne recevrait rien. Au moment de la remise des prix j’étais persuadée que le film n’aurait pas de prix. Donc quand on a reçu les deux Quartz c’était d’autant plus une surprise. En plus on n’avait pas vraiment préparé de discours donc il a fallu se ressaisir rapidement.
Vous avez également reçu le prix pour le meilleur scénario. Comment avez-vous développé l’histoire? Se base-t-elle sur une expérience personnelle?
VR: Cette histoire est issue de notre imaginaire commun. On n’a vécu ni l’une ni l’autre les deux expériences, on est trop jeunes pour vivre l’expérience d’Edmond ou même d’avoir un parent qui l’ait vécu; des grands-parents oui par contre. En ce qui concerne l’histoire de Rose, nous ne l’avons pas vécue personnellement, c’est pourquoi nous nous sommes beaucoup documentées.« La petite chambre » mélange deux thèmes : celui de la vieillesse parce que c’est un problème d’actualité en Suisse: que fait-on de nos vieux ? où va-t-on quand on a passé l’âge d’être indépendant? Le thème du deuil périnatal est venu plus tard : afin de mettre en relation nos deux personnages il fallait qu’ils aient chacun une faille, c’est pour cela qu’on a donné cette fragilité au personnage de Rose qui a perdu un bébé à huit mois de grossesse et traverse un deuil difficile.
SC: Comme ce sont des thèmes dramatiques, nous avons beaucoup travaillé pour rendre le scénario vivant. Il y a même des moments teintés d’humour, et cette couleur-là est très importante. Comme dit Michel Bouquet, « La petite chambre » est un drame qui peut ressembler à la vie avec ses contrastes entre légèreté et gravité.
Le titre choisi – La Petite Chambre – se rapporte à l’une des deux intrigues: celle de la perte d’un enfant. Pourquoi avoir appelé votre film ainsi?
VR: La petite chambre est la pièce dans l’appartement de Rose qui symbolise la souffrance de la jeune femme. Rose est comme « gelée », car ce deuil est trop difficile à traverser. La petite chambre est une sorte de mausolée dans lequel Edmond va amener la vie. Ainsi, c’est un homme en fin de vie qui ramène une jeune femme à la vie.
Vous venez toutes deux du théâtre. Le fait de faire un film a-t-il eu un impact sur votre méthode de travail avec les acteurs?
VR: Le fait qu’on soit nous-même comédiennes leur a été très utile. Ils nous ont dit se sentir compris car nous avons l’expérience de se retrouver devant une caméra. On sait ce que c’est le stress d’un tournage et à quel point cela demande une concentration phénoménale devant une équipe technique qui va jusqu’à trente – quarante personnes parfois. Donc on était très attentives au jeu. Je crois qu’ils ont beaucoup apprécié le fait qu’on soit un peu «de la même pâte».
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