Fin des années quatre-vingt, les **Studios Disney** s'attaquent à un vieux conte danois qui fait un peu la légende de Copenhague, popularisé par **Hans Christian Andersen**, c'est *La Petite Sirène*. Où le conte nous parle d'espoirs et de déceptions, de sacrifice et d'acceptation, nous dit qu'il faut aussi savoir accepter la défaite, le rejet, le dessin-animé met en scène une irritante princesse écervelée qui, derrière ses nobles rêves de voyage et de découvertes, est persuadée que son bonheur ne tient qu'en épousailles hors-normes.
Monument imbuvable de sexisme niais,
une fois n'est pas coutume, ce film est un long raté insupportable que je regrette presque d'avoir montré à ma petite fille tant le message y est plat et rétrograde.
Il faut avouer que tenir une intrigue solide autour de
personnages creux
reste toujours un réel challenge que bien souvent seul le burlesque peut relever. Ce n'est pas le cas ici puisque les studios tentent de narrer la magnificence d'un amour par-delà les préjugés. Un apprenti marin se révèle être un prince, joyeux mais par trop insouciant, dessous la surface de l'océan, une jeune sirène péronnelle rêve d'évasion sous la chaleur du soleil, au sec, fascinée par l'inconnu de ce monde des humains qu'on lui défend d'approcher. Dit comme ça, le postulat n'est pas si dramatique. Mais quand on s'aperçoit que le prince n'a que très peu d'engagements auprès de son peuple sinon celui de faire la fête, que la sirène n'a d'autre motivation que sa curiosité et que face à l'opportunité qui lui est offerte dans ce pacte avec la sorcière elle est incapable d'y regarder à deux fois, de peser le danger, cela commence à tiquer. Et quand réduite au silence après avoir cédé sa voix, muette elle ne sert plus que d'imbécile potiche, on se dit alors qu'on tombe bien bas.
L'animation ne sauve rien où tout part à vau-l'eau : moyenne, très inégale sous l'océan entre décors pauvres de dénuement et effets sous-marins par moments bien trop marqués, acceptable sous le soleil, rien n'y brille de justesse ou d'éclat novateur. Triste comme un jour de pluie. Seul un personnage, seule une séquence font le sourire passager : le crabe Sebastian – malheureusement victime de quelques faux raccords impardonnables qui dénotent d'une inconséquence au travail – chante et orchestre *Sous l'Océan*, sympathique biguine toute en sourires de positivité. C'est un peu léger. Ça l'est d'autant plus que
raconter les Caraïbes sous la surface pour dire le Danemark au rivage
n'aide pas les enfants à se faire une idée exacte de géographie...
La vie est malheureusement faite de choix difficiles.
Sous-entendu, tu peux te tromper, prendre un temps le mauvais chemin. L'échec est supposé se dépasser pour s'y forger, permettre l'appréhension au monde, la conscience de soi. Il suffit de s'y relever pour s'y révéler. Attention toutefois, parfois l'erreur est plus préjudiciable qu'on ne le pense.
Une première partie un peu longue pour une mise en place, une seconde partie désespérément vide dans le mutisme nunuche d'une héroïne sans relief, désespérante, un contresens dans l'adaptation avec ce foutu happy end cher au divertissement disneyen, *La Petite Sirène*, s'il est l'un des plus courts classiques que j'ai visionné ces derniers jours, est le seul où j'ai passé mon temps à regarder ma montre :
atroce de vide.