Tournée dans l'Espagne franquiste, cette comédie à l'humour très noir est une sorte de conte néoréaliste dynamité par un esprit hautement subversif que n'aurait pas renié Luis Buñuel. A travers l'histoire de Don Anselmo, un octogénaire qui rêve d'avoir une petite voiture motorisée pour partir en vadrouille avec ses copains handicapés, Marco Ferreri dresse le portrait cinglant d'une famille bourgeoise dont l'étroitesse d'esprit n'a d'égale que la mesquinerie et l'avarice. Mais au-delà d'une virulente critique sociale, le futur auteur de La grande bouffe ou de La dernière femme porte un regard sur la vieillesse très différent de ce que montre habituellement le cinéma. A travers la pathétique revendication de bonheur d'un vieillard brimé, c'est aussi à une interrogation sur la déchéance et la mort que se livre le cinéaste en moraliste grinçant qui aimait à se définir comme un "provocateur utile".