L'Italie a peur
1976, il n'y a pas que la chaleur qui monte à Rome ; de dangereux gredins s'évadent de prison, emmenés par un leader joué par Raymond Pellegrin. Ce qui va mettre le ministre hors de lui, et il va...
Par
le 12 janv. 2024
4 j'aime
Une bluette peut ramollir même les plus durs. Même Maurizio Merli. Imaginez celui qui ferait passer Harry Callahan pour une mauviette, qui frappe avant de parler, qui flingue dans le dos et qui provoque de larges sueurs à tous ses supérieurs, se faire amadouer par une jeune demoiselle à la vie dissolue. Et bing, la tuile ! Entre deux coups de tatane et un règlement de comptes au cimetière, le voilà qui s’attendrit, qui se promène avec sa belle au bord de la mer, le regard dans le vague, presque profond, et qui avoue qu’il est dangereux de l’aimer. Mince, on ne pensait pas que la moustache de notre viril blondinet à la chemise ouverte se mettrait davantage à frétiller pour les beaux yeux d’une midinette que pour un salopard en train d’agoniser face à son chargeur qui se vide.
Pourtant, le film s’ouvre comme un poliziottesco traditionnel. Des malfrats s’évadent d’une prison, ils ne sont pas contents d’avoir été donnés et dessoudent ceux à la langue trop pendue. Peur sur la ville donc et on doit rappeler aux affaires ce bourrin d’inspecteur Murri qui s’est jeté à corps perdu dans une nouvelle passion, la pêche. Il revient, flingue du malfrat et envoie sa doublure (pas très ressemblante même avec une perruque dégotée chez Michel) courser à moto de vilains garnements croisés dans la ville. Puis il rencontre la fille et la suite déraille. Maurizio Merli et la bluette, ça fait quand même plutôt deux. Surtout quand celle-ci est mal exploitée. Car la mauvaise utilisation de cette digression illustre combien Giuseppe Rosati passe à côté de son film. Les personnages sont totalement inconsistants et l’intrigue sans ressorts. Raymond Pellegrin n’a que trois scènes pour défendre son pedigree de criminel, ce à quoi, évidemment, on ne parvient à croire une seule seconde. James Mason est utilisé comme un vulgaire acteur de seconde zone. Et l’ami Maurizio Merli, traumatisé par la mort de son épouse et de sa fille, est bourrin parce qu’elles sont mortes.
Tout cela est bien entendu un peu léger dans la mesure où Giuseppe Rosati oublie ce qui fait la force du poliziottesco, à savoir l’action. La vengeance des malfrats évadés est résumée en deux minutes au début du film et leurs méfaits qui suivent n’ont rien de spectaculaire. Une poursuite à moto, quelques fusillades et une séance de bourre-pif dans un bus ne suffisent pas à imprimer le rythme. L’ensemble est mou, marqué par quelques envolées qui ne font pas forcément avancer le récit, et la romance ne cadre pas avec le ton attendu. L’ensemble se regarde mais tous les éléments rassemblés pour un en faire un film plus efficace sont très mal exploités. On reproche parfois au poliziottesco ses excès. Il pèche ici par son exact opposé. Dommage.
4,5
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Liste et classement des films que j'ai vus (ou revus) en 2023 et Mon Chat qui fume
Créée
le 12 déc. 2023
Critique lue 38 fois
5 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur La peur règne sur la ville
1976, il n'y a pas que la chaleur qui monte à Rome ; de dangereux gredins s'évadent de prison, emmenés par un leader joué par Raymond Pellegrin. Ce qui va mettre le ministre hors de lui, et il va...
Par
le 12 janv. 2024
4 j'aime
Malgré les similitudes entre les titres, "Paura in città" n'est pas du tout une reprise italienne de "Peur sur la ville", sorti l'année précédente. C'est un poliziottesco assez standard. Un dangereux...
Par
le 22 déc. 2024
1 j'aime
La violence urbaine des années de plomb italiennes, encore et toujours. Pressurisé par son ministre suite à l'évasion de tout un gang, le préfet est contraint de faire appel à Maurizio Merli,...
le 10 janv. 2024
1 j'aime
Du même critique
Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...
le 22 oct. 2021
24 j'aime
23
Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...
le 15 nov. 2023
22 j'aime
22
Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...
le 12 août 2022
22 j'aime
10