La Piscine c'est un film qui vaut pour ses dialogues, rares mais cinglants, ses jeux de regards subtils, ses sous-entendus pervers et ses longues scènes aux ambiances lourdes, chargées d'une tension comme au cœur d'un orage estival.
Qui vaut aussi pour ses comédiens.
Beaux, c'est une évidence. Le film joue d'ailleurs beaucoup dessus, jusqu'à l'overdose, presque.
Pas une scène sans que l'on soit forcé de s'extasier devant les tenues dignes d'un défilé de Romy.
Mais bon dieu, qu'elle est belle...
Pas une scène sans que l'on soit forcé de craquer devant le regard faussement nonchalant et la classe immanente d'Alain.
Mais bon dieu, qu'il est est beau...


Et Jacques Deray le sait. Son film, dans sa première partie est donc un laborieux remplissage avec du rien mettant en scène le couple follement mais dangereusement amoureux. Le tout sous la chaleur pesante d'un été torride où seule résiste l'envie de baiser, de piquer une tête et de boire un verre.
Si bien qu'on s'ennuie ferme, au début, tant l'absence de scénario laisse place à cette tension érotique facile entre les deux comédiens principaux. On s'ennuie ferme car on se met à leur place, enfermés dans cette belle résidence où rien ne se passe et où terrassés par la chaleur, dormir et bronzer semblent les meilleures choses à faire.


Mais voià ; l'arrivée tonitruante d'un vieil ami bling-bling perdu de vue et de sa fille, la jeune et joliment naïve (mise en scène comme une muse, une jeune vierge chipie qui gambade entre les arbres en cueillant leurs fruits) Jane Birkin va foutre en l'air ce rien recherché et corser le tout
Pour le bien du spectateur qui trouve ainsi une histoire à laquelle s'accrocher.
Progressivement, les couples se disloquent, les amants s'échangent, dans un non-dit pudique, sous entendu, qui envenime les soirées d'une lourdeur électrique pleine d'une tension érotique et violente prête à exploser.
Et tranquillement mais surement, le film se fait thriller psychologique, pour enfin éclater lors d'une longue scène en plan séquence, d'une froideur meurtrière féroce. Si rien n'a été calculé, tout est fait avec le plus grand des sangs froids.


Et, durant les quarante dernières et maladroites minutes, le film se transforme encore, avec l'arrivée subite d'un pseudo Columbo qui, s'il n'est pas sans charme et ironie malsaine, semble un peu trop absurde et apparu comme une fleur pour parfaitement convaincre.
Le couple s'efface un peu derrière cette intrigue policière peu rythmée, pour finir par des retrouvailles qui, à cause d'un scénario assez mal ficelé, ne semblent pas si surprenantes ; en effet on avait pas tant pris conscience que le couple était en train d'exploser et que chacun allait partir de son côté.


Si le plan final, efficace, montre avec simplicité la tout puissance de cet amour toxique pour les deux amants, le film, assez inégal, parfois trop long et ennuyeux, parfois tendu et électrique, vaut mieux donc, comme on l'a dit en ouvrant cette critique, pour ses dialogues, rares mais cinglants, ses jeux de regards subtils, ses sous entendus pervers et ses longues scènes aux ambiances lourdes, chargées d'une tension comme au cœur d'un orage estival.
Et aussi et surtout pour ses comédiens.

Charles Dubois

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