Dans les années 50 le colonialisme a du plomb dans l'aile. Bousculé par des mouvements de protestations indigènes, remis en question par toute une frange de la gauche, les grands empires coloniaux vivent leur derniers jours.
Comme de par hasard il règne dans le film de William Dieterle une atmosphère de fin d'une époque. Une époque n'ayant déjà que trop durée, matérialisée par le culte rendu à Tom Wiley, un pionnier mort depuis longtemps. Le vieux Tom avait installé sa plantation de thè et son manoir sur "la piste des éléphants", nommé ainsi car les imposants pachyderme empruntaient cette route pour se rendre à la rivière.
Perçu par beaucoup comme un héros pour avoir fait fi de toutes les difficultés et des violentes protestations des cousins du gentil Babar, ce père-fondateur est vu par d'autres comme un vieux fou orgueilleux et obstiné. Ne respectant aucune loi, si ce n'est celle du plus fort, il représente ainsi le comportement de "l'homme blanc" sur les populations conquises en Afrique et en Asie.
Depuis 50 ans que leur piste a été coupée, les éléphants n'ont pas oubliés l'affront qu'ils ont subit, et continuent de semer la terreur dans la plantation, par des incursions s'apparentant à des raid d'une guérilla marxiste.
Ce film qui a première vu n'est qu'un remake de Rebecca version coloniale (on peut effectivement trouvé beaucoup de point commun avec le chef d'œuvre d'Hitchcock), ou comme la suite de Mogambo mais à Ceylan, est en fait une critique très rude du mépris des colons à la fois pour la nature et pour les populations locales. Si La piste des éléphants est un film d'aventure assez moyen (notamment à cause du trop grand nombre de scènes d'extérieur tournées en studios), il est en revanche un film politique très intéressant, utilisant une métaphore animalière pour critiquer la société de son époque. Un message qui reste d'actualité dans sa dimension écologiste, car l'Homme ne peut soumettre la nature à son autorité.