The Big Trail est un western à la gloire des pionniers, un film qui nourrit et cultive la légende de ces hommes et de ces femmes courageux bravant les dangers et l’inconnu. Ici, ils partent depuis les rives rassurantes du Mississipi pour joindre une vallée de l’Oregon, entrevue comme une « terre promise » qui les attire avec la perspective des saumons nombreux et du gibier abondant.
Ce film comporte tous les codes du genre. Nous suivons le quotidien de ces aventuriers : la danse autour du feu, les bisons, la fatigue du voyage, les falaises qu’il faut descendre avec tout le chargement, le désert aride qu’il faut traverser, les intempéries et bien sûr l’attaque incontournable des indiens.
Si on présente souvent La Flèche brisée comme le western qui a opéré un tournant dans la représentation des indiens, il n'est pas le premier pro indien, The Big Trail tient des propos positifs à leur égard. L’éclaireur du convoi témoigne à plusieurs reprises avoir tout appris d’eux, et plusieurs séquences du film les représentent comme des personnes pacifiques. De plus, il est très appréciable que tous les rôles des indiens ici soient tenus par des natifs.
Pour le reste, on a des personnages bien caricaturaux selon l’habitude de l’époque : un gentil qui plus est, justicier : l’éclaireur du convoi (John Wayne) ; des méchants, une belle demoiselle pour le côté romance de l’histoire ce qui est aussi inévitable que la présence des indiens !
John Wayne tient ici son premier rôle à l’âge de 22 ans, alors qu’il était jusque là un parfait inconnu n’ayant joué que quelques petits rôles. Il était accessoiriste et Raoul Walsh à la recherche d’un acteur pour le personnage de l’éclaireur le repère. Après avoir fait un bout d’essai et plu au producteur Sheehan, il est enrôlé. A cette occasion, John Wayne de son vrai nom Marion Robert Morrison, reçoit son nom d’acteur. Ce nom fut choisit parce qu’il faisait américain, Morrison, n’eut pas son mot à dire.
Une grande publicité fut faite autour de ce film à sa sortie et John Wayne fut mis en avant comme un acteur talentueux. Malheureusement le film fut un échec commercial, ce que j’ai bien du mal à m’expliquer… Il fallait un coupable, ce fut le jeune premier qui trinqua. Après ce film, John Wayne tomba dans les oubliettes pendant plusieurs années, il tournera uniquement dans une ribambelle de petits westerns. Pourtant sa prestation est plus que correcte. Je le trouve très naturel, il possède déjà ce flegme qui le caractérisera des années plus tard quand il sera devenu une vedette. Mais pour l’immédiat, ses rêves de gloire sont enterrés, et bien enterrés.
The Big Trail est clairement un film à gros budget pour l’époque. 80 acteurs sont engagés, 1800 chevaux et mules participent à l’aventure, plusieurs scènes sont tournées en extérieur, dans les montagnes, certaines sont spectaculaires comme la séquence de la descente des falaises où les chariot et les bêtes sont descendus avec des cordes.
The Big Trail est un western que j’apprécie pour son côté aventure, on partage le quotidien de ces pionniers qui se lançaient avec leur chariot et leurs rêves dans des régions dont ils ignoraient tout. Le scénario est simple mais on traverse des rivières, on s’enlise dans la boue, on brave la neige, bref c’est un moment très sympathique quand on est soi-même bien au chaud et confortablement installé pour suivre ces péripéties !
ps: la critique a été écrite quand il faisait froid!