Un titre qui était paradoxalement passé entre les mailles de mon filet, alors que j'ai du voir 90% de la production de polars hollywoodiens des années 90, en particulier les films de serial killer post-"Seven". Il faut dire que "Switchback" a connu un four au box-office, et reste méconnu en dépit de son casting solide (Danny Glover, Dennis Quaid, Jared Leto...).
Scénariste de nombreux hits durant la décennie précédente ("48 heures" et sa suite, "Die Hard", "Le fugitif"...), Jeb Stuart signe donc son unique réalisation, proposant un thriller de bonne facture, hélas plombé par quelques défauts gênants.
D'abord, après avoir expérimenté le titre qui vous spoile la fin du film ("Les évadés"), on découvre cette fois l'affiche qui spoile : en effet, le scénario tente de maintenir un certain mystère autour de l'identité du tueur, mais ceux qui auront vu l'affiche n'ont déjà plus aucun doute à ce sujet.
C'est ballot!
Ensuite, Jeb Stuart a beau nous raconter une bonne histoire, "Switchback" souffre de son emballage hollywoodien : très peu de sang, des meurtres vite expédiés, histoire de rester grand public, alors que le film ne demandait qu'un peu de violence et de trouille pour prendre de l'ampleur.
Par conséquent, le spectateur averti n'a plus aucun doute sur l'issue du film, dommage pour le suspense, sachant que la mort d'un enfant reste un tabou absolu à Hollywood, à de très rares exceptions.
Et on en arrive ainsi au dernier gros problème : les motivations incompréhensibles de certains personnages, en particulier celles du tueur, qui viennent encore saper la vraisemblance déjà précaire du récit.
Pourtant, malgré ces lacunes importantes, "Switchback" reste un divertissement agréable, grâce notamment à ses décors de montagne magnifiques (tournage dans le Colorado), théâtre de scènes d'action remarquables (dans le train en marche notamment).
J'ai également apprécié la volonté de construire un scénario complexe et plutôt original dans le genre.
Enfin, le casting (exclusivement masculin) constitue un autre point fort : outre les têtes d'affiche déjà citées (parmi lesquelles Danny Glover se distingue nettement), on a le plaisir de retrouver R Lee Ermey (le sergent instructeur de "Full Metal Jacket"), cette fois-ci dans un rôle positif, mais aussi William Fichtner, Ted Levine, et même Walton Goggins dans un petit rôle.
Je ne regrette donc pas la découverte tardive de ce thriller plutôt moyen mais distrayant. Je reste même convaincu du gros potentiel mal exploité de "Switchback", pour les raisons que j'ai évoquées. En outre, l'ensemble aurait tiré parti d'un montage plus dynamique, pour une durée finale réduite d'un petit quart d'heure.