2002 est une année bien triste pour tous les disneyphiles de la planète. Avant même qu'elle ne sorte ses nouveaux films, La boîte aux grandes oreilles annonce la fermeture définitive de son département d'animation 2D et officialise son passage aux images de synthèses. Une page de leur Histoire se tourne (du moins, jusqu'à La Princesse et la Grenouille) et les fans sont en pleurs. Il n'y a pas de pire façon pour promouvoir les prochains classiques que ce communiqué étant on ne peut plus clair sur le fait que le studio lui-même n'y croit plus.
Les derniers dessins animés de la boîte ont donc tout intérêt à ne pas décevoir. Et après Lilo et Stitch, c'est à une histoire très connue d'être transposée sur grand écran: L'Île au Trésor.
Disney n'en sont pas à leur première tentative d'adaptation du roman de Robert Louis Stevenson puisque leur tout premier (et très réussi) film en images réelles était tiré de cette oeuvre en 1950 et les studios l'ont à nouveau mis à jour en 1996 à travers L'Île au Trésor des Muppets, relecture décalée et folle de l'histoire de Jim Hawkins et de Long John Silver dans l'univers des marionnettes délirantes.
Le duo John Musker / Ron Clements est attaché au projet, celui-ci rêvant depuis 1985 de raconter cette histoire mais ne se sentant pas encore prêt à la mettre en scène la technologie ne permettant pas de mettre en images l'univers qu'il veut représenter. Les deux réalisateurs espèrent égaler la souplesse de la caméra des films de Spielberg et de Cameron.
Le projet est finalement officiellement lancé en 2000 avec des moyens considérables.
La Planète au Trésor, un nouvel univers est donc une évolution logique du cinéma de Musker et Clements, les metteurs en scène voulant toujours aller plus loin avec les images numériques et ce nouveau film en est rempli. C'est un savant mélange de dessins faits à la main et d'images de synthèses qui donne une forme incroyable à cet univers infini. La réalisation est à ce titre irréprochable et les séquences d'action dans l'espace spectaculaires!
Autre chose qui donne une identité propre à La Planète au Trésor, son monde. Tout comme son style visuel, l'univers du film mélange le passé et le futur. Pour chaque vaisseau spatial, nous avons un bateau. Pour chaque arme avancée, nous avons de vieilles auberges. Pour chaque créature extra-terrestre, nous avons des vêtements usés.
Déstabilisante au départ, la vision de Musker et Clements atteint pourtant son objectif: Marquer. Nous n'avons jamais vu une galaxie pareille et elle est extrêmement riche.
Et au niveau de l'écriture, là aussi, c'est une très bonne réinvention. L'histoire réécrit les personnages que nous connaissons tous en soignant leurs relations (Le lien père/fils entre Hawkins et Silver est la force du film) tout en reprenant les grandes lignes du livre d'origine. Ajoutez à ça une très bonne musique de James Newton Howard.
Beaucoup de qualités donc mais pourtant, La Planète au Trésor, un nouvel univers est l'oeuvre de Musker et de Clements qui me parle le moins. C'est définitivement un bon film mais ses personnages me laissent un peu plus froid que d'habitude. Allez savoir, peut-être que je serai capable un jour de savoir exactement pourquoi.
Victime de l'abandon de l'animation traditionnelle par The Walt Disney Company, La Planète au Trésor, un nouvel univers va enregistrer des recettes désastreuses lors de sa sortie mondiale. Même en cumulant les scores à l'international, le film n'arrive pas à rembourser ses dépenses élevées à 140 millions de $. Il n'en fallait pas moins pour convaincre Disney que l'animation 2D est définitivement morte et enterrée.
Mais heureusement, comme quasiment tous les Classiques 2D du Troisième Âge Noir, Le dessin animé de Musker et Clements n'a pas été complètement oublié et est soutenu de nos jours par des fans fidèles. Même si je n'en suis pas un, j'invite tout le monde à découvrir cette aventure très plaisante.