Grand fan de la saga des Planètes des Singes et adorateur de la trilogie de Matt Reeves, il me fallait voir l'ultime volet, le plus critiqué et dit désastreux de la Fox (devant le Secret de la Planète des Singes, c'est dire) et c'est chose faite.


Mon dieu.


J'avais de beaux espoirs, étant un remake, Burton pouvait ré-exploiter les éléments de base et c'est ce qu'il semblait faire : une autre origine aux Singes ? Car le petit Semos parti dans le temps, il pouvait tout à fait être le père fondateur de leur civilisation. Mais déjà quelque chose paraît chafouin : l'intrigue ne se passe pas sur Terre, du moins ce que j'ai compris du film. Ce qui ôte absolument toute dimension tragique au récit. Le personnage de Léo, interprété par Mark Wahlberg, ne m'a pas absolument convaincu mais restait assez au-dessus du lot en face d'une blonde bronzée au regard inexpressif, d'un Tim Roth complètement en roue libre et d'une Helena Bonham Carter déguisée en Zira générique.


Car si le film tente de reprendre les codes des films PotA, il se perd largement dans leur utilisation : là où Zira défendait les humains dans les originaux, Ari protège une espèce hait par les Singes pour rien... en effet, étant dotés de parole, les humains ne sont en rien animalisés et sont donc à l'exact égal de leurs homologues simiesques. Car ce qui empêchait leur prise de conscience était leur état végétatif sociétal, qui ici n'existe que pour ressembler aux anciens... ridicule.
Ensuite, la figure du Singe qui hait les humains : inaugurée par le Général Aldo dans la Bataille de la Planète des Singes, repris avec brillo par Koba dans L'Affrontement bien des années plus tard, c'est ici le général Thade qui officie à se poste. Alors je ne sais pas pourquoi il hait autant les humains mais ce qui est certain, c'est qu'il est de toute évidence complètement instable : jamais vous ne verrez "méchant" plus fou sans raison, violent avec les siens et massacrant à tour de bras n'importe quel autre personnage pour le rendre plus "méchant". Pourtant, le visuel du personnage est très réussi !
Et on en vient au plus décevant : là où la trilogie de Reeves démocratisait une modélisation numérique parfaite des Singes, Burton a réussi des maquillages très convaincants et l'univers, tout comme Alice au Pays des Merveilles, lui aurait convenu à la perfection. C'est évidemment les déboires avec la production et une écriture aux chiottes qui a terrassé le film et lui a ôté toute saveur.


Venons-en maintenant au plus important, l'origine de la catastrophe. Histoire très compliquée s'il en est, car le Peste Simiesque créée par Reeves pour expliquer la disparition des humains n'existait pas encore. Dans les quatre volets qui suivaient l'opus de 1968, on nous expliquait que César, leader de la révolution des Singes, était le fils de Cornelius et Zira retournés dans le passé par le même procédé que Charlton Heston avant que la Terre n'explose. Ainsi, à l'image du premier César, César junior reprenait les rênes d'une révolte contre les humains dans un artifice de symboliques et de dénonciations sociales. Là, il n'en est rien. Car l'opus de 1968 n'expliquait pas ce qui s'y était passé et le remake ne se fait pas prier pour nous délivrer une explication tout à fait à chier : c'est l'équipage du vaisseau de Wahlberg qui s'est écrasé en le cherchant et les Singes se sont échappés de la cage.
-1 : d'où viennent tous les humains dans ce cas ?
-2 : Comment quelques singes ont-ils pu se reproduire aussi vite avec si peu d'individus ?
-3 : Pourquoi ont-ils évolué et comment ont-ils fait pour le faire aussi vite ?
-4 : Pourquoi y'a t'il une exploitation et une haine entre humains et singes ?


C'est une honte. D'autant que lorsque Seemos (César en somme, mais les noms ont tous été "remaniés") se pointe au milieu de la bataille atrocement molle de la fin, tous s'agenouillent devant leur "prophétique représentant" mais Thade s'en moque et le fracasse sans que personne ne fasse rien. Déjà, il est censé être de sa famille et en être fier. Donc, on laisse son dieu se faire terrasser sans broncher ?


Oh et puis merde, ce film est une torture pour tout fan de PotA qui se respecte.
Burton, désolé que ça tombe sur toi, mais t'as ruiné les espoirs de beaucoup de monde.

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le 13 mars 2018

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GrievousLord

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