Frustration vertigineuse pour l’espèce humaine

Film de science-fiction réalisé par Franklin Schaffner sorti en 1968 (hé oui, ça ne date pas d’hier), La Planète des singes est inspirée du roman homonyme, et franchement le spectacle est tout à fait honorable. Je dirais même qu’il mérite amplement son titre de chef d’œuvre.


Je ne vais pas vous faire le détail de l’histoire, il y a de fortes chances que vous connaissiez déjà le sujet : en trois mots, des astronautes américains qui traversent l’espace et le temps et qui se retrouvent sur le sol d’une planète peuplée par un peuple de singes, essayant de domestiquer des hommes diminués, réduits au rang d’animaux sauvages. Même sans avoir vu un seul film, on connait tous plus ou moins son idée de base. Il faut dire que tout est dans le titre.


J’ai déjà eu l’occasion de voir ce film lorsque j’étais enfant, et je me rappelle que ça ne m’avait pas du tout intéressé. Je crois me souvenir que j’avais trouvé les costumes (des singes) ringards et peu crédibles, et l’ambiance globale un peu trop datée… mais bon, j’étais un enfant, et je m’intéressais davantage aux films de ma génération, Terminator, Gremlins, etc.


Aujourd'hui que je retente le film, je dois dire qu’avec un peu d’imagination, et de bonne volonté, j'oublie rapidement les petites imperfections visuelles, pour me détacher peu à peu de la forme et m'intéresser au fond, et je dois dire que c’est une expérience super chouette. Je dirais même que l’histoire est hyper actuelle, et elle le restera sans doute encore longtemps. Cette remise en question de la nature humaine, et de son rapport à la vie, à l’autre, et aux créatures qui l’entourent, bénéficie d’une mise en abyme incroyable, ou plutôt d’une transposition très satisfaisante. Ainsi l’homme change de place et passe du côté des espèces inférieures. Si ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de scénario, je sais que La Planète des singes est précurseur dans ce domaine, et l’intrigue est menée avec une simplicité et une authenticité qui sublime le film.


Pourtant, par moment, l’esthétique du film me sortait de ma contemplation, à cause de défauts, qui au regard d’aujourd’hui, nous paraitrons très grossier. Des effets visuels pas terribles, des boucles de vidéos en fond vert mal raccordé, une maquette de vaisseau spatial qui ne joue pas vraiment son rôle de trompe-l’œil, et surtout des costumes de singes, certes très aboutis pour les années 60, mais qui ont malheureusement très mal vieilli.


Au-delà des aspects techniques, que je ne ferais pas rentrer en ligne de compte dans ma note, j’ai trouvé que le film souffrait de quelques longueurs, le rythme pâtit d’un scénario trop peu étoffé. La partie dans laquelle Taylor est captif est beaucoup, beaucoup, trop longue, et nous donne le sentiment que le plus gros du film a été tourné dans cette cellule. Par conséquent, les décors nous paraissent très peu variés, les ambiances aussi, et si l’intention de base n’était pas si louable et si bien définie, on aurait vite fait de s’ennuyer.


Les décors naturels, en revanche, nous en mettent plein les yeux. La musique est très satisfaisante. Les dialogues sont simples, mais efficaces.


Par contre, les acteurs ne m’ont pas vraiment convaincu. Je me suis fait la remarque que Charlton Heston aurait pu être remplacé par n’importe quel autre acteur, cela aurait été du pareil au même. Je n’ai pas reconnu Roddy McDowall derrière son maquillage de singe, alors même que j’apprécie bien l’acteur. Kim Hunter est la seule qui a attiré mon attention, malgré des attitudes de singes plutôt comiques, notamment lorsqu’elle se déplace.


Tous ces petits défauts sont balayés par les qualités de l’intrigue, et particulièrement la sublime fin. Mon plaisir a toutefois été gâché parce que je connaissais déjà cette scène culte. Personne n’a pu y échapper, c’est une séquence incontournable que l'on spoil partout, dès que le film est mentionné (à la télévision par exemple). L’intensité dramatique y atteint son paroxysme, avec une frustration vertigineuse pour l’espèce humaine, qui apparait comme gangrénée par ses ambitions dévorantes et destructrices. C'est l’une des fins les plus géniales que j’ai vue dans un film jusqu’à aujourd’hui.


Je me fais déjà une joie de découvrir toutes les suites.

Casse-Bonbon

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