Par OhCaptainMyCaptain

Et voici donc le deuxième numéro de la saga rebootée la Planète des Singes, le dénommé L'Affrontement. J'en profite pour féliciter ironiquement les traducteurs français. Le film est nommé L'Aube de la Planète des Singes en langue originale (Dawn of Just...hum the Planet of the Apes), ce qui était plutôt bien trouvé. Pourquoi le nommer Affrontement alors que l'affrontement n'a pas encore eu lieu (César le souligne même à la fin) ? On se croirait en plein dans La Désolation de Smaug tiens.



Pour continuer dans mon avant-propos, l'Affrontement se situe donc à la deuxième place de la trilogie nouvelle, qui se situe donc chronologiquement avant le remake de la Planète des singes à proprement dit qui se fera dans le troisième volet. Relativement à la saga originale, parfaitement adaptée du livre éponyme de 1963 par Pierre Boulle (écartons tout de suite de la mythologie l’infâme remake de Tim Burton), L'Affrontement peut être considéré comme l'équivalent du quatrième volet de la saga originale qui en compte cinq, La Bataille pour la Planète des Singes, en ayant des éléments du troisième, La Conquête de la Planète des Singes. Je précise bien l'équivalent car notre reboot dont il est question se détache quelque peu de la trame originale, puisqu'ici pas de boucle temporelle dont les singes sont issus, mais bien d'une mutation génétique sur deux générations de singes. Je tiens aussi à préciser avant tout de chose que je ne suis pas contre l'idée des reboots, bien au contraire, lorsqu'ils sont bien fait puisque je pense qu'on va me le reprocher après lecture. J'avais d'ailleurs trouvé Les Origines plutôt rafraîchissant, bien pensé tout en se démarquant suffisamment (l'idéal d'un reboot, puisqu'on a pas envie de revoir la même chose non plus)... La saga de la Planète des Singes est d'ailleurs bien sur une des vieilles sagas qui avaient le plus besoin d'un rafraîchissement , au vue des technologies actuelles, puisque le monde de la SF a depuis bien intégré le cinéma actuel. Le César de 2014, par rapport à celui de 1972 (du troisième volet), en est l'argument le plus probant. Maintenant, je ne suis pas pour des reboots faits n'importe comment.



La mise au point étant faite, passons au film en lui même. Difficile de ne pas en sortir mitigé, voire même très déçu. Il sera également difficile d'expliquer en quoi le film ne peut pas bien tenir debout sans en dire trop, le minimum sera donc expliqué ici, et sera complété sûrement soit dans le forum, soit dans un dossier consacré. Le pire dans cette affaire c'est que le film semble en apparence respecter la saga initiale. L’apparence, je crois qu'on tient le mot qui correspond le mieux au film. Ça a l'apparence d'un film de la Planète des Singes, mais ça n'en a pas le goût . Nous y reviendrons plus tard.



Le film débute par une introduction plutôt sympathique avec les journaux télévisés et des témoignages de personnes se situant à la fin des Origines jusqu'à l'époque du film de l'Affrontement, tout en faisant le tour de la planète avec la prolifération de la grippe simienne (qui ne touchait que les chiens dans la saga originale) sur les hommes à la manière du jeu vidéo Pandemic 2. Elle en profite pour rappeler les événements des Origines, et les événements entre les deux volets, la quasi extinction de l'espèce humaine. Plutôt agréable pour entrer en douceur dans l'univers de la saga. Le film décide très vite de se centrer sur les singes comme protagonistes principaux et non les Hommes, ce qui est un pari très risqué mais qui marche , c'est à souligner.





Les singes donc. Rien à redire sur leur apparence visuel pour le moment, ils sont vraiment impressionnants de réalisme, surtout niveau pelage. C'est moins le cas malheureusement pour leurs colocataires de la forêt, les ours et les chevreuils qui paraissent vraiment très...moches. Mais c'est excusable.
L'orang-outan est vraiment le singe le plus réussi. Oui puisque le film récupère le schéma social de la saga initiale, avec les orang-outans comme sages, les gorilles comme guerriers, et les chimpanzés en simples citoyens polyvalents. Malheureusement, certains de leurs comportements, à vouloir les faire trop humain, deviennent trop mécaniques et donc peu réalistes. Un mot également sur l’apparence de César, à propos de vouloir faire trop humain. Je suis peut être le seul à avoir cette impression, mais à vouloir l'humaniser, c'est peut être le singe qui est le moins réaliste du film, ni humain ni singe, c'est un comble puisqu'il est le héros. Après le théorème de la « vallée dérangeante » s'applique peut être, théorème japonais scientifique qui soutient que si un robot ressemble trop un humain, ses imperfections paraissent monstrueuses (notre cerveau va tout faire pour ne pas y voir un humain). Mais ces divers clins d’œil à la Conquête de la Planète des Singes via les « Non » sont plutôt agréables (les singes, qui avaient remplacé les chiens, ont été élevés par les hommes et ont l'interdiction de dire non). Ce n'est d'ailleurs pas le simple clin d’œil, visible via la scène du toit à la fin du film, à la station de métro... Malheureusement c'est un peu l'arbre qui cache la forêt, du fan service inutile. Idem pour la petite séquence dans la maison des Origines, hormis une belle scène d'émotion avec James Franco, cela n'apporte rien !



Concernant la vie des singes entre eux, le respect des codes sociaux de chaque espèce est plutôt un bon point . Leurs divergences politiques sont repris de la saga, mais en moins exploitées, c'est dommage. Leur sentiment de supériorité face aux Hommes puisque les singes ne tuent pas leurs congénères est préservé. Un petit bémol est à apporter au niveau de leur communication. Le langage des signes entre eux est plutôt très mal géré alors que c'est ce qui faisait la force des Origines. Je ne parle pas la langue, mais quand un signe résume à lui seul un pavé de quatre lignes, tu sens bien que y a un problème. Et ce n'est pas le seul problème. D'où les autres singes parlent l'Anglais ? Pour César c'est légitime, il est le résultat de la mutation et a été élevé par les hommes. Les autres, ce n'est pas justifiable. César ne leur a appris que la langue des signes et ils ne sont de toutes manières pas adaptés biologiquement pour pouvoir parler comme les Hommes.



Scénaristiquement également, le film est bancal dès les premières minutes et les éléments d'exposition. Les singes indiquent entre eux qu'ils n'ont plus vu d'Hommes depuis deux ans, alors qu'une colonie est bien installée à l'entrée de leur forêt. Les Hommes survivants évoquent leur immunité contre la grippe simienne, mais elle n'est jamais expliquée. Ils veulent absolument rétablir l'électricité pour contacter d'autres survivants, alors que le morse reste la technique de communication à longue distance la plus fiable en cas de catastrophe. Comment les singes ont pu récupérer des chevaux en ne sortant pas de leur forêt ? Ils en avaient dans la saga originale, mais ça s'expliquait. Pas là. Ou alors c'est qu'ils sont sortis de leur forêt. Mais pourquoi ils n'auraient pas vu la colonie ? Un serpent qui se mord la queue... C'est mal écrit, bourrés de raccourcis scénaristiques. Du très mauvais effet. Comment un singe peut apprendre à se servir si vite d'une arme alors que même un homme ne sait pas l'utiliser instinctivement ? C'était si compliqué de trouver une astuce à la Transformers: L'Age de l'Extinction ? Même l'élément déclencheur est trop gros et pas original pour un sou, ce qui rend bancal toute la suite du film. Les Hommes sont trop vites débiles, le réalisateur a trop accentué la cupidité des hommes. Les péripéties partent encore d'un humain complètement inconscient. Cela va même à l'encontre du but du film. La planète des singes sert à montrer, via les singes, tous les défauts des Hommes. Là on prend le problème à l'envers en surlignant dès le début les failles de l'humanité par ses propres actes (qui arrivent gros comme une maison en plus, merci la subtilité). Même remarque pour la tentative de résolution à la fin. On sait pas quoi faire, ben on fait tout péter. C'est la même réflexion que pour Godzilla mais en moins compréhensible. Seul le twist au milieu du film permet de sauver les meubles, puisque permet d'apporter un embryon de réflexion. Il est inattendu et surprend agréablement parce qu'il ne vient pas de là où on l'attend. Et ENFIN il permet de porter une critique des Hommes VIA les singes. Maintenant il est encore mal exploité et beaucoup trop mal écrit, il fait tout basculer trop rapidement et sans aucune logique par rapport à l' idéalisme des singes. Et tout ce qui suit sera critiquable de la même manière, entre maladresse d'écriture, incohérence et raccourcis scénaristiques. Seule la scène entre César et son fils est à sauver pour sa portée symbolique, bien que limitée, où une belle métaphore ressortira. Et un début de parallélisme, puisque celui ci dit à son fils que les Hommes ne pardonneront jamais.



En parlant de scènes, deux techniques sont à retenir. La façon de filmer une scène via la tourelle d'un char est plutôt agréable et rafraîchissante. L'autre, et vous allez le deviner si vous me lisez souvent, c'est un début de parallèle, dont je suis plutôt friand, avec un affrontement entre deux hommes et un autre entre deux singes. Alors ça part d'une très bonne intention je l'accorde. Mais la façon de la réaliser prend le contre pied total du film. Si le premier se fait via la diplomatie et la parole, la seconde se fait via combat acharné entre les deux singes. C'est très beau esthétiquement mais vous ne voyez pas le problème ? Les Hommes sont donc intelligents, les singes sauvages. Symboliquement ça choque... Pour la scène où les singes font les espions-ninjas, il faudra revoir la mise en scène, tant elle est ridicule.
D'un point de vue musical, rien de très marquant. Les influences du King Kong de Peter Jackson et de Jurassic Park sont là, rien d'étonnant pour un film de singes. Encore une fois ça fait le travail mais aucune envie d'y revenir se dégage.





Concernant le casting, peu de choses sont à relever. Andy Sirkis est toujours extraordinaire en performance capture dans son rôle de César. Gary Oldman est à son habitude bon dans les rôles ambigus et celui du maire Dreyfus ne fait pas exception. Il n'est agréablement pas manichéen, et nous fait vivre de belles scènes d'émotion quoique trop courts, tant son amour (et toutes ses conséquences, bonnes et mauvaises) pour la colonie est visible. Les rôles de Malcolm, Ellie et Alex , joués respectivement par Jason Clarke, Keri Russel et Kodi Smit-McPhee sont anecdotiques, tant l'omniprésence des singes est là, il est donc compliqué de se faire un avis de leur prestation. Rien de négatif ni de positif. Koba, un des singes déjà présents dans la saga originale, est joué par Toby Kebbel et sa prestation est plutôt bonne. C'est plutôt avec son écriture que le bât blesse. Visiblement, le réalisateur n'avait pas compris sa portée symbolique et fait un peu n'importe quoi avec lui. Certains de ses actes, malgré sa haine contre les Hommes, sont totalement incompréhensibles relativement à sa psychologie.
Malheureusement, ce casting peu réjouissant en terme de performance empêche tout moment d'émotion alors que le film y est plutôt propice. Seule la scène entre Alex et l’orang-outan peut vraiment bouleverser. Même la scène de César et de son fils dans la maison des Origines , que le réalisateur veut rendre émouvant à grands renforts de violons ne fait ni chaud ni froid. Est-ce qu'une barrière émotive a pu s'installer parce que ce sont des singes ?



Au vu de la fin du film, et l'intention de faire du 3 le remake à proprement dit de la Planète des Singes, ils seront encore obligés de passer sous silence beaucoup d’événements. Ou alors de le passer via flash backs. A découvrir donc en 2016.



Finalement, la seule réussite du film sur le plan symbolique, c'est de faire comprendre les problèmes de compréhension entre les Hommes, via les incompréhensions entre les Hommes et les singes. Pour le reste, le film ne semble montrer que les Hommes sont bourrés de défauts, mais attendez, c'est pas grave, les singes aussi. Le réalisateur a donc pris le problème à l'envers. Et aussi peut être ce croisement : une entente entre deux individus, au beau milieu d'une confrontation entre deux espèces. L'idée de vouloir avoir une véritable confrontation physique entre les deux espèces peut sembler superflue. C'est certes très beau esthétiquement, mais le message via une tension constante entre les deux espèces, comme une guerre froide, aurait sûrement eu plus d'impact. Cette simple confrontation physique met en valeur l'énorme défaut du film : il ne sert pas vraiment de base à une réflexion sur la condition humaine. Un comble pour un film de la saga.





On se retrouve donc avec un bon film de divertissement, très joli en apparence, sans prise de tête, malgré tout moins surprenant que La Planète des Singes : Les Origines. Il bénéficie d'un second souffle avec ce twist salutaire pour permettre un embryon de réflexion mais ce n'est clairement pas suffisant pour un film estampillé « La Planète des Singes », puisque ce n'est pas ce qu'on attend de ce film. Pourquoi ne pas avoir déterré une autre saga, ou avoir créer un concept original pour se permettre de faire seulement un bon film de divertissement ? Si le réalisateur voulait faire ça, il pouvait aller bosser sur Transformers ou Pacific Rim.



On se donne bien entendu rendez vous sur le forum pour discuter des éléments scénaristiques qui me semblent bancals après votre visionnage!
AgenceTouriste
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le 26 oct. 2014

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