Ne me demandez pas pourquoi après un premier épisode plus que médiocre j'en suis arrivé à me retrouver à regarder le deuxième opus de la pré-série alors que les suites de l'original et excellent film continuent à me faire envie deux ou trois millions de fois plus...
Dix ans après l'évasion spectaculairement inintéressante du premier spécimen, l'histoire ne sait plus où donner de la tête, partagée entre l'envie de garder son César d'empereur dans des limites plus ou moins crédibles de longévité et de laisser une longue parenthèse post-apocalyptique qui permettrait de nouvelles données un tantinet jouissives...
Faute de pouvoir répondre convenablement à la question, Matt Reeves, infâme et misérable escroc qui a déjà souillé les rétines sensibles auparavant, se contente de filmer l'un après l'autre les pires clichés possibles et imaginables persuadé que le succès ne saura lui échapper tant le niveau d'exigence du public a dépassé depuis longtemps la fosse des Mariannes...
Dès l'introduction, le cauchemar s'installe dans une scène de chasse ridicule où des pixels simiesques poursuivent des pixels cervidés en dépit de toute crédibilité visuelle, mais le pire est à venir avec l'arrivée du "héros" humain, un acteur de douzième zone accompagné d'une nouvelle compagne qui pourrait être sa fille, d'un fils inutile et d'un boulet qui ne l'est pas moins, ce qui n'empêchera bien entendu pas sa présence obligée lors d'un deuxième voyage sous un prétexte fallacieux...
Le plus triste, finalement, c'est de se rendre compte que les concepteurs du projet font tellement confiance à l'inculture crasse de leurs spectateurs qu'ils font tout du long comme si personne ne savait quel était le point final obligé de cette série de préquels (oh, pardon, il y a encore un épisode au moins en préparation, peut-être que ça va donner un suspense de feu...). Et puis, ce n'est pas comme si la seule raison d'exister pour cette série misérable était un des monuments majeurs de la littérature et du cinéma de science-fiction...
Alors, comme ça, l'air de rien, le gentil ridicule va lutter contre les méchants humains belliqueux et le gentil singe va lutter contre les méchants singes belliqueux dans un embrouillamini incompréhensible de bêtises scénaristiques et de plans hideux, la palme revenant à la maîtrise simiesque pour adapter en deux dixième de secondes leurs pattes inadaptées à la queue de détente pour produire d'emblée et sans viser les tirs les plus sophistiqués contre une troupe de branquignols inopérants dirigés par le malheureux Gary Oldman qui tient décidément à prouver que sa performance réussie dans La Taupe n'était qu'une erreur de fin de parcours...
La gageure est pourtant menée jusqu'au bout, puisque, sans jamais proposer la moindre histoire digne de ce nom, Matt Reeves parvient néanmoins à accumuler sans faillir toutes les mauvaises scènes convenues dans ce genre de travail et à assommer son spectateur de plans pompiers que deux ou trois bières de plus auraient pu rendre hilarantes.
Fidèle à un tact qui a fait ma réputation, je n'oserais m'interroger ici sur les notes surréalistes gagnées par ce film ou sur les critiques dithyrambiques qui le présentent comme un parangon de subtilité, une réussite esthétique majeure ou encore un exemple parfait de blockbuster intelligent capable d'éviter les clichés du genre... Je ne pourrais d'ailleurs certainement pas en conclure que la vraie place de leurs auteurs est plus sûrement à Medrano ou à Charenton qu'en liberté plus ou moins surveillée et c'est probablement pourquoi je laisse cette question pourtant infiniment plus intéressante que le film dans une attente parfaitement diplomatique.