Sept ans avec le dernier volet de la trilogie de Matt Reeves, la saga de La Planète des singes renaît de nouveau illustrant combien son potentiel est inépuisable. Kingdom of the Planet of the Apes se situe clairement dans la suite des trois films précédent puisqu’il s’ouvre par le rappel de la mort de César puis continue « plusieurs générations plus tard ». C’est donc une nouvelle époque de la saga, le monde a évolué sous le règne des singes.
Comme la trilogie de César, Kingdom of the Planet of the Apes ne raconte pas l’histoire du point de vue des humains, mais du point de vue des singes. Le héros en est Noa qui appartient au clan simiesque des aigles. Encore jeune, il se prépare avec deux amis à une étape initiatique. Initiation qui va tourner court suite à un drame, mais qui va pourtant se réaliser par d’autres voies. Kingdom of the Planet of the Apes raconte en effet l’éveil de Noa. Jusque-là, la réalité de son monde se limitait aux croyances et aux pratiques de son clan, mais voici que les événements font voler en éclats tout ce qu’il connaissait. Expérience décapante et déstabilisante. Il découvre en particulier l’histoire entre les hommes et les singes ainsi que la figure inspirante d’un héros simiesque : César. Figure mythique dont tous les singes n’ont pas la même représentation depuis Raka qui en retient la force, l’intelligence et surtout la compassion et son désir de vivre en paix avec les hommes jusqu’au méchant de l’histoire, Proximus Caesar, qui convoque cette figure pour renforcer son pouvoir comme le font les tyrans de tous les temps.
Face à la réalité complexe dans laquelle il se trouve subitement plongé, Noa évolue jusqu’à passer du manque de confiance en lui, de l’indécision, de la tentation de la soumission à un engagement clair en faveur des siens et de la liberté. Une séquence joue le rôle de pivot : Noa commence à se soumettre intérieurement au tournant nouveau qu’a pris sa vie et celle de son clan : « Noa appartient à Caesar, c’est la loi. ». Cependant, dans un sursaut il réagit : « mais la loi est fausse », moment intense qui le voit naître à lui-même, advenir comme nouveau chef. Pour le conforter un signe fort arrive : l’aigle de son clan vient enfin se poser sur son bras, ce qu’il refusait jusque là tant que Noa était hésitant. C’est ce déclic intérieur qui le rendra capable d’affronter courageusement Proximus Caesar le moment venu et d’entonner le chant du Maître des aigles qui est sa prérogative.
Un thème central de ce film est celui du savoir et de la connaissance. Les hommes bien que diminués, ont eu la connaissance par le passé et elle entraîne chez les singes ambitieux comme Proximus Caesar une soif de les égaler, de connaître lui aussi. Chez les simiesques qui découvrent un vaste champ de connaissance jusque là ignoré, c’est la stupéfaction qui prévaut, ils sont dépassés. Quant aux hommes qui n’ont pas perdu leurs capacités intellectuelles, sont-ils prêts à partager avec les singes devenus intelligents la richesse de leur savoir ?
Kingdom of the Planet of the Apes est clairement un film d’exposition. Le scénario n’est pas abouti, de nombreux éléments restent obscurs, les hommes sont peu actifs. On peut espérer que la suite développera ce qui est resté dans l’ombre et apportera une plus grande envergure à l’histoire. C’est en tout cas un épisode digne de la saga qui laisse augurer une belle suite.