Le meilleur blockbuster depuis X années, car il va plus loin que ça...
Après le désastre qu'était le film de Tim Burton, on pensait que la saga avait été clairement mise de côté. Mais, les années passant, une suite étant impossible, Fox est parti du reboot en commençant par une préquelle. Soit, ça ne souillerait pas la saga originelle. On engage un total inconnu, Rupet Wyatt, réalisateur d'un seul film. Les acteurs, à défauts d'être des stars, assurent un minimum de présence. Et la grande surprise de départ fut que les singes seront en CGI et incarnés par des acteurs à la manière d'Avatar.
Bon, la B.A. n'est clairement pas engageante, mais comme il n'y a rien de valable au ciné ce soir, on va voir ce film un peu par défaut... et c'est une très grosse claque !
Une des grosses qualités de ce film est que jamais il ne tentera de reprendre, ou citer clairement le film de Schaffner. En étant attentif, on voit que Caesar s'amuse avec une Statue de la liberté miniature, le nom de sa mère est le surnom donné à Charlton Heston dans le 1er film, mais ce sont des broutilles. Wyatt affiche clairement une modestie, une forme d'innocence par rapport à la force de son sujet, que je trouve par moment très touchante. Il y a des scènes d'action, mais ô miracle, elles ne sont ni filmées au ralenti, ni trop proches, ni sur-découpées. Mais ça n'est pas le point fort du film.
"Mais pourquoi a-t-il tant aimé ce film ?", me direz-vous ? Mais parce qu'il propose un personne tout simplement bouleversant ; Caesar. On le voit de sa naissance jusqu'à ses 8 ans, et son intelligence se développer de façon exponentielle, et il va connaitre le côté obscur de l'Humanité, jusqu'à une scène avec son "bourreau" qui est tout simplement sublime, car on voit là une cassure dans son comportement, lui qui était si gentil avec son maitre humain, l'équivalent d'un animal de compagnie. Et dans ce personnage, on retrouve évidemment ce qu'il sera dans les suites de La Planète des Singes ; chef de son clan, pour le bien de "son" peuple.
Et en parlant de Caesar, je ne peux pas ne pas mentionner Andy Serkis, qui incarne ce rôle avec un humanisme troublant. Tout comme King Kong, Gollum et Monkey (oui, Enslaved, dont il a certains traits), cet acteur unique, le premier virtuel, dépasse le côté exceptionnel des SFX de Weta pour finir par en être vraiment émouvant par moments. D'un côté, il est dommage qu'on ne le voit pas souvent en tant qu'"humain", mais en tant qu'acteur virtuel, il est capable de belles prouesses, aussi bien physiques que dans le jeu.
L'émotion est aussi pas mal au rendez-vous car le film traite au fond de la maladie ; cela peut être aussi bien d'Alzheimer que la mutation génétique que subit Caesar. Certaines scènes entre le père, malade, et le films, qui se bat pour créer un vaccin qui le sauvera, sont poignantes, car il sent que c'est un combat perdu d'avance, quitte à repousser la mort.
J'avais parlé des scènes d'action impeccable du film, elles sont finalement peu nombreuses, mais montrent en arrière-plan l'échelle de l'évolution, dû notamment à Caesar qui s'impose chef de la rébellion grâce à ses facultés supérieures.
Bien sûr, dans ce torrent déloges, il y a quelques bémols : des acteurs qui ne servent strictement à rien (Freida Pinto, are you here ?) ou sous-utilisés (Brian Cox, venu chercher le chèque), mais James Franco relève bien le niveau, car on le sent vraiment impliqué dans son rôle. Il y aussi quelques plans des singes (tous en CGI, je le rappelle) qui font un peu élastiques dans leurs gestes, et une première fin assez abrupte (car la deuxième affiche clairement l'idée d'une suite).
Bon, je ne le cache pas : "La Planète des Singes : Les Origines" est un très grand film, d'une rare intelligence pour un blockbuster, où il réussit la fusion entre le fond et la forme.
J'oserais dire qu'il a une âme, ce qui est encore plus fort pour un "simple" reboot.
