Après avoir terminé le film de Wes Ball,devant lequel j'ai beaucoup baillé, je me suis demandé comment l'opus précédent, Suprématie, tenait aussi bien la route; comment Matt Reeves était parvenu à terminer la trilogie/préquelle de la planète des singes en apothéose? Qui plus est, comment était-il parvenu à un tel résultat, en partant de deux films qui, s'ils étaient révolutionnaires techniquement, pouvaient au mieux être considérés comme de "sympathiques divertissements", qui n'arrivaient pas même à la cheville de l'original?
En un mot: la radicalité. C'est un mot qu'on a répété ad nauseam durant cette période mais le retour à une sorte de pessimisme a permis à une floppée de films transgressifs de voir le jour! Autant de films sortis entre 2016 et 2018 qui sont venus secouer un petit peu le cocotier du grand public, lequel se montra bizarrement réceptif à cette vague d'œuvres brutales et jusqu'au-boutistes. Suprématie a constitué en quelque sorte la quintessence de cette période, en adoptant une approche résolument sombre vis-à-vis du futur de l'espèce humaine. Ce troisième opus des aventures de César versait dans le récit biblique, empruntant à l'Exode et au Livre des Rois, avec un personnage de leader d'un groupe d'insurgés contre un système d'oppression fondée sur l'appartenance à une espèce. Il puisait également dans l'Histoire, avec notamment des références appuyées à la guerre du Viet-Nam.
Enfin, il se permettait une conclusion que n'aurait pas renié Pierre Boule: l'Avenir de l'Homme, c'est le Singe.
Toutes ces raisons, couplées à une motion capture époustouflante font de Suprématie le rejeton légitime du film de 1968 et un des blockbusters les plus mémorables des années 2010.