Celui-là, je l’attendais avec impatience et ma patience fut récompensée. Avec le succès de Dawn of the Planet of the Apes et la guerre qui se profilait à l’horizon, il était évident que le troisième volet de la trilogie mette en scène le véritable affrontement entre les hommes, dorénavant menés par Le Colonel et les singes, avec César en tête. Même si la guerre des suites fait rage à Hollywood tant le nombre croît d’années en années, essoufflant par la même occasion certaines licences, celle-ci se démarque habillement. Face à ce troisième épisode, et dernier de la trilogie, il nous est difficile de rester de marbre. La puissance des images combinée à celle de l’histoire prouve encore une fois que nous avons à faire à une saga dont la profondeur est inégalée. Loin d’être le blockbuster ordinaire, War for the Planet of the Apes délivre une expérience cinématographique hors norme.


Déjà que j’ai eu du mal à écrire mon ressenti sur le deuxième film, c’est encore plus compliqué aujourd’hui. Bluffant et totalement immersif, War for the Planet of the Apes est une véritable prouesse, à la fois technique, cinématographique et dramatique. Dans ce chapitre, César mène le combat de sa vie face au Colonel, dont l’unique obsession est l’extinction des singes. Tout n’a jamais été tout noir ou tout blanc dans les précédents et dans sa pure tradition, l’intrigue de War renforce cette nuance. Dès le départ, notre soutient allait vers les singes tant la sauvagerie humaine nous repoussait. Cependant, bien des années se sont écoulées depuis le soulèvement des primates et les origines du conflit, aujourd’hui, il est difficile de prendre vraiment parti pour l’un ou pour l’autre. Les pertes sont nombreuses, des deux côtés, chacun lutte pour sa survie du mieux qu’il peut. Le Colonel est un homme sans pitié, tant par ses actes que par ses instincts. Il nous était alors facile de lui coller l’étiquette de méchant sur le front. Le scénario n’entend pas jouer cette carte et lorsque nous apprenons les motivations du personnage, sa haine profonde lors d’un face à face poignant et déchirant entre les deux chefs, tout devient limpide et il nous est impossible de le condamner. Les conséquences dramatiques de ses actes ne sont nullement excusables (l’intrigue confirmant son ton très sombre par quelques terrifiants actes de guerre) mais cela fait de lui un personnage brisé dont l’unique objectif est de sauver ce qu’il reste des Hommes. De son coté, César, animé par une rage bestiale sans précédent ne désire que la paix pour son peuple. Par cette dualité, le primate trouve un adversaire à sa hauteur, plus agressif que dans les deux premiers épisodes.


Cette épopée pour la survie, soutenue par une histoire sombre et brutale l’est d’autant plus par la réalisation magistrale de Matt Reeves. Déjà initiée par Dawn of the Planet of the Apes, chaque plan du film est sublimé par les images. Je vous parlais dans le second volet des plans panoramiques sur le char, ici, c’est dès l’ouverture que Reeves veut nous prendre par surprise en filmant sa séquence de l’attaque des hommes sur le repère des singes du ciel. La progression se fait par la hauteur et nous survolons ce champ de bataille de manière brillante, avec des balles qui fusent, des morts et des combats. Vous avez devant vous un vrai film de cinéma réalisé par un cinéaste. La Planète des Singes conserve son statut de grande saga cinématographique puisque tout au long du film, Reeves saura filmer chaque image avec une pureté incroyable. Les décors enneigés, les constructions glacées avec des stalactites un peu partout est c’est d’une beauté sans nom. Jusque dans son combat final, minutieusement orchestré pour un impact des plus grandioses, le réalisateur donne à cette saga une identité atypique. Il est également important de souligner la partition aux sonorités tribales et dramatiques de Michael Giacchino qui ne se contente pas d’accompagner les séquences musicalement mais de les intensifier à la moindre occasion. Des thèmes composés avec passion pouvant contrôler le spectateur à chaque instant.


Je ne pouvais écrire une critique sur sur ce film sans relever l’incroyable avancée technique avec le motion-capture. L’évolution depuis Rise of the Planet of the Apes est indéniable, bluffant de réalisme. A tel point qu’il nous est difficile de faire la différence entre images de synthèse et acteurs réels. Les deux se fondent et pour la première fois, nous avons le sentiment d’avoir des vrais personnages, réels, qui ne sont pas fabriqués par ordinateur. Andy Serkis mérite les honneurs. Cet acteur souvent sous-estimé par sa forte présence en motion-capture que comme véritable acteur prouve une nouvelle fois qu’un acteur n’a pas besoin d’être physiquement vu pour incarner un rôle aussi fort. L’impact de son regard, son faciès toujours plus expressif, c’est un magnifique César, tout en nuances qui est porté à l’écran.


Il est vraiment rare aujourd’hui d’avoir une trilogie aussi dense avec des idées intelligentes. Avec ce final en apothéose, Matt Reeves signe une histoire passionnante qui n’hésite pas à s’émanciper des codes du blockbuster lambda et sans saveur pour renforcer son propos. Qu’il y ait une suite ou pas importe peu. La boucle est bouclée et l’histoire de César s’achève au sommet. Une perfection.


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JimmyJoubin
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le 15 août 2017

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JimmyJoubin

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