Les blockbusters actuels se suivent et se ressemblent. On les consomme comme des mets dans des fastfoods: c'est rapide, sur le moment même on est rassasié, mais après, on ressent un certain vide. C'est en tout cas ce que je constate à chaque fois que je vais voir un blockbuster made in Hollywood.
Et puis, de temps en temps, entre ces produits sans goût, on peut tomber sur une perle rare. Car oui, entre tous ces gros films convenus et prévisibles, on peut retrouver une œuvre bien plus recherchée. Un film classique dans son déroulement, mais qui ne prend pas le spectateur pour un simple consommateur trop vite content. Cet été, ce film s'appelle La Planète des Singes - Suprématie.
La Planète des Singes - Suprématie a tout du blockbuster classique sur le papier: 3ème épisode d'une franchise plutôt lucrative, présentée à renforts de nombreux effets numériques, etc... Et pourtant, ce film est bien plus intéressant que les 3/4 des productions hollywoodiennes actuelles. Plutôt que de faire dans la facilité en proposant ce que le spectateur attend, ce film préfère surprendre. Plutôt que de montrer des héros invincibles et parfaits, ce film préfère nous exposer des héros torturés et imparfaits. Plutôt que de nous balancer 36 plans à la minute, ce film préfère poser la caméra et laisser place à la contemplation. Ainsi, n'espérez pas passer un moment pop corn avec vos gosses, car ceux-ci risquent de s'ennuyer. Je l'ai constaté lors de ma séance, où bon nombre d'enfants s'ennuyaient (et devenaient chiants par la suite).
Visuellement, c'est une nouvelle prouesse technique qui a été réalisée! La motion capture n'avait jamais été aussi bluffante! César et les siens apparaissent plus réalistes que jamais. D'ailleurs, rares sont les personnages "numériques" à bénéficier d'une telle présence à l'écran. César fait facilement partie des personnages de cinéma les plus charismatiques. Et cela prouve que lorsqu'on parvient à les utiliser intelligemment, les effets numériques peuvent apporter beaucoup à une œuvre!
Je pointe tout de même quelques éléments du doigt, des éléments qui m'empêchent d'attribuer une meilleure note au film. Le premier élément, c'est la présence d'humour. Ce qui fait la force de cette trilogie, c'est que l'humour en est absent. Nous avons affaire à un monde à l'avenir pessimiste, où la survie est primordiale et où l'humanité vire dans la cruauté. Or, pour cet épisode, on nous a ajouté un nouveau personnage qui fait office de petit comique. Un personnage dont on se serait bien passé, tant ses apparitions cassent l'ambiance instaurée. À croire que ce personnage a été ajouté là uniquement pour amener un peu de légèreté au film. Et ce dernier n'en avait absolument pas besoin...
Autre point un peu récurrent dans les films hollywoodiens, c'est la prévisibilité de certaines séquences. On sait que rien n'est laissé au hasard, et c'est parfois un peu trop voyant. Le meilleur exemple concerne la séquence avec la fleur de cerisier. Je n'en dirai pas plus, mais c'est une scène venant de nulle part et qui ne sert qu'à annoncer quelque chose qu'on voit venir à des kilomètres.
Hollywood est très friand de suites, mais dans le cas de La Planète des Singes - Suprématie, ajouter un nouvel épisode serait une monumentale erreur. Avec cet opus, la boucle est bouclée. Les liens avec le film de 1968 sont faits, et le film se termine de la meilleure des manières possibles. Y ajouter une suite ne ferait qu'enlever ce qui se dégage de la fin du film. J'espère sincèrement que les studios ne seront pas appâtés par le succès commercial et qu'il sauront se montrer raisonnables.