La Planète sauvage
7.5
La Planète sauvage

Long-métrage d'animation de René Laloux (1973)

Terr aime Tiwa.
Dans l'Uwa de Goham les Draags et les Oms ne peuvent pas vivre ensemble. C'est avec une poésie fantastique que René Laloux et Roland Topor nous le montrent. Les deux compères immergent leur spectateur dans un monde futur et métallique. Des machines, des rapports froids au sein d'un peuple alien bleu, plongé dans la méditation. Les plans se succèdent en parfaite harmonie avec le scénario; glacials, longs et envoûtants ils enveloppent le public dans une atmosphère délirante. Nous découvrons des séquences plus belles les unes que les autres. Des bulles de méditation flottent dans l'air, Terr et Tiwa sifflent sur les diamants. Des statues grises tournoient enlacées. Et le dessin pâle de Topor, au service d'un univers parallèle, construit une véritable planète aseptisée et rase. La-bas les bêtes sauvages n'ont rien du loup et du grizzli, ce sont des créatures ailées, mugissantes et prédatrices. Les Oms sont petits, parfois apprivoisés.
Au dessin psychédélique s'ajoute une bande son tout en sons justement, en touches jazzy et chaloupées, mélodies des 70's et guitares entremêlées qui font croire à un rêve coloré.
Ce n'est pas dans un autre monde que nous emmène La Planète Sauvage mais dans un système que nous connaissons bien; les Oms sont de luxe et les créatures bleutées finalement plus humaines que ce que l'on pourrait penser. Alors oeuvre moralisante ou conte éducatif? Je ne crois pas. Face à un film où l'histoire se plie si aisément à la représentation simpliste de notre propre univers, on ne peut s'empêcher de penser à un autre chef-d'oeuvre de l'animation, Le roi et l'oiseau. Et dans ces deux films enchanteurs, le système n'est rien d'autre que le cadre d'un scénario dont le but n'est pas de délivrer une morale. On ne parlera même pas ici de pamphlet ou de satire, le film va au-delà de cela, il transcende toute volonté d'enseignement, il regarde et poétise ce qu'il voit. Il envoûte, il transforme et le spectateur est libre d'aller où il veut.
Sur l'Uwa de Goham il n'y a plus qu'une seule solution pour les Oms et les Draags. Tiwa aime Terr, et c'est à voir absolument

MargauxSodade
8
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le 10 juil. 2015

Critique lue 346 fois

Margaux Sodade

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