Film concept et clairement inattendu, La Plateforme suscite la curiosité avec son synopsis accrocheur et son ambiance sombre. L’atmosphère dystopique du matériau était attendue : on ne quitte donc pas cet prison sans lumière, où les prisonniers ont une valeur sociale en fonction de leur étage et peuvent au mieux manger plus que de raison, au pire en arriver au cannibalisme pour pouvoir survivre. Volontairement cynique, la Plateforme ajoute à la dystopie un message social évident : comme le précise Goreng, si tous les prisonniers se rationnaient, peut-être pourraient-ils tous se nourrir convenablement. Mais c’est sans compter sur l’individualisme et une certaine forme de nihilisme qui règnent chez les prisonniers. Oppressant, angoissant, le sentiment de huis clos conforte dans la paranoïa les protagonistes et au final le spectateur également. On est jamais loin du culte Cube, de Vincenzo Natali.
Et c’est bien là tout le problème de la Plateforme. Derrière la noirceur, la violence et l’originalité du style, on retrouve de larges similitudes avec plusieurs oeuvres de science-fiction : la dérive du système capitaliste de Snowpiercer, l’ambiance de confinement de Cube, le gore de Saw… Les influences sont nombreuses, peut-être trop, pour faire de cette Plateforme un film que l’on retiendra dans la durée. D’autant qu’il s’achève en posant plus de questions qu’en délivrant de réponses. Ce qui laissera sans doute les spectateurs autant sur leur faim que les protagonistes du film.