Dans la même veine des films et séries qui se veulent dénonciatrices du système capitaliste, source d’inégalités grandissantes, La Plateforme nous apporte la variante espagnole.
Loin d’un Parasite de Boon Joon Ho, où la dénonciation est plus subtile, La Plateforme nous plonge directement dans le milieu dystopique dans lequel les protagonistes vont évoluer. Une prison sur plusieurs étages, avec 2 prisonniers dans chaque. Un énorme trou par étage pour laisser passer ‘La Plateforme’ : une fois par jour une plateforme coulissante va venir présenter de la nourriture qui va défiler le long des cellules. En haut, on mange à sa faim, en bas, on fait avec ce qu’on peut.
La Plateforme est pour moi l’image simplifiée du capitalisme.
L’administration reste un mystère pendant tous le long du film, comme un gouvernement, on ne sait pas comment ça fonctionne réellement, des conditions et des politiques sont établies, et à partir de là, les prisonniers ne font qu’obéir. Nourriture 1x/j et personne et on ne peut pas garder la nourriture sous peine de mourir glacé ou brulé. Pour les membres de l’administration si tous le monde mange ce qu’il devrait manger pour survivre, tous le monde aurait à manger mais la réalité humaine est autre : le système fait que les prisonniers du haut (comme ceux qui détiennent 1% des richesse du monde) vont manger beaucoup plus de ce dont ils ont besoin, ce qui laisse très peu de nourriture pour ceux qui vont se retrouver en bas.
Interprétation des personnages.
Le vieux incarne l’ancienne génération, ayant déjà eu l’expérience de vie, le système est tous ce qu’elle connait. Elle s’est habituée et a compris que son destin était scellé, pour survivre il faut manger tout ce qu’elle peut et ne pas hésiter à marcher sur les autres comme d’autres le feront à leur place. ‘Rien ne sert de parler à ceux d’en haut’ et ‘Ne leur parle pas, ils sont en bas’.
Goreng incarne la jeune génération, naïve, curieuse et dynamique. En entrant volontairement dans la prison, Goreng se retrouve face à l’enfer de la plateforme mais il a des principes et il est indigné du système. Il se pose des questions, pourquoi, comment, qui ? Il a envie de comprendre et surtout établir ce qui est juste. Il trouve encore la force de combattre le système.
La femme ex-membre de l’administration est l’image même de cette élite qui n’a aucune idée de ce qu’elle fait, ne connait pas le nombre exact d’étages et insiste sur le fait qu’il n’y a aucun enfant admis. Elle appartenait aux privilégiés et pourtant détient des approximatives ou fausses informations. Elle devient elle-même victime de ce qu’elle a créé.
Baharat, lui, incarne la mobilité sociale qui est en panne. Il possède une corde et attend le moment d’être proche du plus haut niveau pour pouvoir aspirer à une meilleure place et de meilleures conditions. Lorsqu’il tente, il se fait littéralement chier dessus.
La petite fille incarne la génération future, celle qui va peut-être trouver une solution (dans une approche optimiste). Tout l'espoir repose sur elle et c'est elle seule qui peut débloquer la situation.
Le film a plusieurs morales :
- Tout changement passe obligatoirement par la violence, sujet très actuel dans le monde (aka : gilets jaunes ; manifestations Chili, Hong Kong)
- Il n’y a pas de justice, ceux d’en bas de l’échelle sont oubliés, même quand les rôles s’inversent
- Personne ne connaît les conditions de l’autre, il y a toujours pire comme situation
- La génération future est la clé : soit elle réussit à trouver la solution miracle soit elle combat et laisse la prochaine génération penser sur le sujet ainsi de suite
Je trouve néanmoins que la métaphore est plus forte que la réalisation. J’ai passé un bon moment mais le film ne m’a pas transcendé plus que ça, manque de développement des personnages, une interprétation trop facile et sans doute trop de scènes prévisibles.