Une métaphore de Netflix ?

Une plateforme où l'on sert, en quantité abondante, un caca indigeste à ses abonnés qui consomment sans réfléchir. La Plateforme 2 semble être une métaphore de ce qu'est devenue Netflix : une triste plateforme recyclant ses idées originales jusqu'à l'épuisement.

Alors que le premier volet se suffisait à lui-même par la force de son concept, une suite ne paraissait ni nécessaire ni évidente. Cependant, Netflix, incapable de produire des œuvres originales marquantes depuis plusieurs années, s’est senti obligé de faire ce qu'elle sait faire de mieux : tirer à l'infini sur ce qui marche. Cette suite, malheureusement, était donc prévisible.

Dans cette prison lugubre où une plateforme de nourriture descend à travers différents étages, le premier film exploitait brillamment les enjeux d'un tel concept et parvenait à puiser le mystère et l'angoisse de ce lieu fascinant. Le premier volet avait fait le tour, il fallait que le parti pris de la suite soit suffisamment fort pour à nouveau intriguer. C'est raté !

Là où le premier film critiquait des systèmes politiques, qu'il s'agisse du capitalisme ou du communisme, cette suite tente d’évoquer le totalitarisme, à travers la figure du guide spirituel et l'application du pouvoir par la force. Cependant, la dimension philosophique, centrale dans ce genre de film, apparaît ici brouillonne et répétitive, se contentant de reprendre les thèmes du premier opus avec plus de sang, plus de cadavres, et plus de violence.

On ne réinvente rien, on se contente d’ajouter de la dramaturgie par des scènes horrifiques et d'action mal réalisées. La scène d'explosion au début en est un exemple frappant : on y ajoute de la bagarre, on multiplie les événements, et au final, on ne sait plus quoi montrer, ce qui perd le spectateur. Cette quête de sensationnalisme à tout prix finit par lasser. Là où le premier film se suffisait à lui-même, La Plateforme 2 tente d’en faire trop.

Visuellement, le film souffre également. Ce qui fonctionnait dans le premier est répété, mais sans innovation. Les gros plans sur le festin digne de Louis XIV, bien que toujours efficaces, semblent recyclés, n'apportant rien de neuf.

Cependant, tout n’est pas à jeter. Certains thèmes parviennent à se démarquer, notamment la réflexion sur l’art dans la société. Le personnage principal est bien développé et interprété, et à travers lui, on aborde l’idée de l’art comme ultime refuge dans un système en déroute. Les références à Goya et au Radeau de la Méduse sont bien amenées et offrent une profondeur bienvenue, soulignant que l’art, même dans un contexte de privation extrême, reste un échappatoire. Ce thème est plaisant, car il propose une réponse à la dérive politique décrite dans le film. Cependant, cette dimension philosophique, qui aurait pu rendre cette suite inédite et surprenante, est éclipsée par la volonté de faire de La Plateforme 2 un thriller horrifique sanglant, plutôt qu'une véritable œuvre sociale et philosophique. Netflix préfère donner à manger à ses abonnés plutôt que les faire réfléchir.

Enfin, la fin, décevante, enfonce le clou avec une conclusion simpliste. On entend par exemple : « Je vais rester dans cette prison car je suis prisonnier de moi-même. » Ce genre de phrase illustre bien la pauvreté de la mise en scène et le manque d’inspiration créative.

Il est grand temps que Netflix retrouve sa créativité d'antan, et cela passera par aller de l'avant. Ces multiplications de suites sans intérêt, qui contribuent à l'uniformisation de la plateforme, doivent cesser.