Satire cynique et sociale de la conjugalité en campagne ordinaire

La Poison c'est un peu, voir beaucoup l'histoire du hasard, une rencontre au détour d'une liste de films français, un titre mais surtout un pitch. En second, je vois Michel Simon, Mmmmh, Sasha Guitry, ça me dit vaguement quelque chose mais c'est bien tout.
Et puis, La Poison c'est finalement tout ce que j'aime quand je regarde un français en noir et blanc.


Un français c'est cet humour grinçant parfois absurde, parfois cynique, autant satirique que pathétique. Comme en témoigne cette scène du dîner, où ces deux fatigués se retrouvent pour un repas tout simplement magnifique sur une musique qui donne du relief à une scène pourtant attendue. Ça fait peut-être partie du "génie" français d'antan, rendre extraordinaire l'ordinaire.
Cette petite fresque sociale satirique et cynique signée Guitry a tous les charmes de l'excellent, que dis-je, de la pépite française. Parce que c'est rudement bien écrit, c'est socialement intéressant, les échanges sont tantôt drôles, tantôt critiques.
Quand notre mari s'invite chez l'avocat, comment vous dire le plaisir jouissif et rigolard que l'on prend à suivre cet échange surréaliste entre un avocat pro de l'acquittement et le mari qui a ou voudrait assassiner ou tuer sa femme. Que dire de cette satire formidable du tribunal provincial qui est totalement absurde et satirique (avec ces deux scènes que s'entrecoupent de manière toujours plus rapide entre ce qui va être et ce qui "devrait" être, car finalement la guillotine, j'aime à penser, n'est que la métaphore du jugement de "coupable").


C'est sucré, c'est pimenté, c'est cynique, c'est noir, c'est tordu, absurde, ça grince, c'est épicé, on retrouve des gueules, le film La Poison est une pépite. C'est à la fois impertinent et extrêmement intelligent. C'est insolent, parfois indécent, mais toujours subjugué par le talent de la mise en scène et le charisme de Michel Simon.


Dans le quotidien de ce village normand à la place carrée, Guitry livre un film tout simplement excellent, parmi cette banalité du chalet de fleur et du pharmacien d'à côté, vous trouverez dans ces 1h20 un condensé de justesse, de talent et d'indécence dans une histoire conjugale finalement si ordinaire.

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le 25 sept. 2015

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Halifax

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