La porte de l'enfer est la peinture d'un récit comme sorti d'un écrin, parmi les lambeaux d'un Royaume que l'on assiège. Entre deux courants d'air, une femme se porte volontaire pour fuir à la place d'une des princesses, avant que son garde du corps ne devienne son bourreau des cœurs.
Dans un art de la tapisserie que l'on retrouve en 1958 dans la ballade de Narayama de Kinoshita, dans une esthétique de la mise en scène de la psychologie, ce film entre l'impératrice Yang-Kwei-Fei et le Héros Sacrilège de Mizoguchi qui sortent deux ans plus tard annonce – pour être objectif - la quintessence esthétique du cinéma japonais des années cinquante. Cette phrase très longue signifie juste que La porte de l'enfer est l'avant-garde de cet art pictural que Mizoguchi trouvera peut-être trop formaliste.
Si ce film est sublime, pas de subtile poésie mélodieuse de l'âme, il faudra attendre Mizoguchi, mais une peinture brute des passions, dans un jeu de contrastes cruel, entre des couleurs saturées à l'image des réalités sociales. La couleur est cruelle oui, crue, quitte à brouiller les apparences.
Le voile est en effet un thème récurrent dans ce film : le topic, ce sont les sentiments des personnages.
Textiles, tapisseries, voiles, lambeaux, étoffes : tout un attirail de signes, de conventions, de modes de représentation pour dissimuler la passion, la peur, la violence, la soumission et la folie.
Voilà pour une critique un petit peu abstraite, qui avait pour ambition de sensibiliser à cette violente et limpide esthétique du papier peint.