Tournicoti, tournicoton. Ça tourne. Flottantes et tourbillonnantes, les belles gens. Rêves plein les yeux, idéaux plein de mots. Le temps passe et le passé revient, en souvenirs ("Clearer and better, every day I get older"). Les rêves sont devenus des mirages et les idéaux ne sont restés que des mots, envolés dans le vent des constantes sociales. Chacun sa place, et malheur à ceux qui osent croire autrement.
Ça bouge. Terres en mouvement. Ça grouille. Encore des rêves et des espoirs venus d'ailleurs. Promesses de vie, illusions de richesse. Au fond, l'Homme sera toujours un immigrant pour d'autres, même si eux-mêmes l'étaient déjà avant lui, mais ce n'est pas pareil...apparemment. Ça ne l'est jamais.
Ça tourne, sur des roulettes. Le Heaven's Gate ouvre ses portes, pour les beaux, les moches, les jeunes, les vieux, les pauvres qui crient et les riches qui fuient. Cacophonie. Joies, musique, colères, rires, bruit, pleurs...enfin, la Vie ! Puis, en douceur, un moment de grâce, une danse de toute beauté aux portes de l'Eden. Bonheur à portée de main, ou presque.
Ça bouge. Meurtre légalisé, massacre justifié. Lois et "Justice", toujours régies par les mêmes et leur peur de l'autre, des différences, de la pauvreté rampante qui pourrait entacher ces Terres prospères acquises par le sang, un autre... Tourbillon de révolte et de stupeur. Les rêves s'effacent, les espoirs s'effondrent sous le poids de la véritable nature de l'homme.
Ça tourne. Le bal poussiéreux peut commencer, dans le bruit et la fureur. Les insurgés déjà gisent dans leur sang, troués. Les condamnés retrouvent un élan pour avancer. L'union fait la force pour combattre l'oppression, en théorie. Sacrifice ultime pour faire renaître une lueur d'espoir, illusion de bonheur pour un avenir meilleur. Pour quelques instants du moins. Mais dans la vraie vie, ce sont les plus forts qui gagnent à la fin...souvent.
Tout s'arrête. Les tableaux mouvants de Cimino resteront des toiles gravées dans les mémoires. La couleur du sang sera pour toujours imprégnée dans ces terres sauvages, et sur ces étoffes blanches, immaculées. Seul le temps passe, incontestablement. Le passé alors revient, en regrets.