Un film de Wojciech Has, c'est quelque chose d'exigeant, un visionnage dans lequel on ne se lance pas à la légère. Mais quelle force, quelle élégance visuelle! Voilà un film, encore une fois, dont les scènes reviennent encore et encore. Il y a une telle profusion de détails dans les décors de Has, qu'on pourrait aisément les qualifier de baroques.
Dans La poupée, ces décors sont au service d'une intrigue romanesque somptueuse, où l'on suit, dans son prologue, un jeune commis moqué par la populace, qui revient ensuite, propriétaire d'un grand magasin, cherchant à faire sa place dans l'aristocratie tout en la moquant et en cherchant à profiter de leur manque d'argent.
Un Rastignac sans scrupules? Pas tout à fait, car de son origine, Wokulski a gardé de la sollicitude pour les pauvres, et son amour pour la jeune Izabel est réel, alors qu'on aurait pu croire qu'il ne souhaitait que s'élever socialement.
C'est donc un portrait de société dans la grande veine du roman du XIXè siècle que film ici, Has, donnant furieusement envie de découvrir le livre dont il est tiré. A ce que je vois, Boleslaw Prus, l'auteur, a d'ailleurs également écrit Pharaon, autre grand film polonais!