La Poupée de chair par Maqroll
Énième adaptation d’une pièce de Tennessee Williams, Baby Doll retrace l’histoire d’un étrange couple composé d’un propriétaire terrien ruiné et d’une femme enfant encore vierge qui s’amuse de lui et le tourne en ridicule à chaque instant de leur vie. En une journée (remarquable unité de temps), leur destin va pourtant basculer et l’enfant va devenir femme. C’est du théâtre filmé certes, mais Kazan ne s’en sort pas mal en multipliant les scènes d’extérieur et en posant un rythme suffisamment élevé pour que l’ensemble soit au final beaucoup plus cinématographique que prévu, avec notamment un très bon rendu de l’atmosphère lourde et sensuelle « à la Tennessee » du Sud raciste, puritain et sensuel. L’interprétation (Karl Malden, Carroll Baker) est un peu datée mais la finesse psychologique de l’analyse de Tennessee Williams combinée à la virtuosité d’Elia Kazan derrière la caméra donne un film solide et au propos éternel.