L'humain face à ses pulsions : Portrait d'une "Baby Doll"
Douzième film d’Elia Kazan et deuxième collaboration avec Tennessee William, « Baby Doll » nous envoie dans le sud des Etats-Unis suivre un couple composé de Archie Lee, un aristocrate ruiné (Karl Malden) et d’une femme enfant « Baby doll » (Carroll Baker) encore vierge. Mais cette dernière intéresse fortement le gros exploitant Silva Vacarro (Eli Wallach), qui tient Archie entre ses mains…
Le film fit un énorme scandale à sa sortie, notamment à cause de groupes catholiques qui finalement obtiennent gain de cause lorsque le film est retiré des écrans durant l’année 1957… Et c’est compréhensible que le film en choqua plus d’un à sa sortie, à l’image de la scène d’ouverture du film où l’on découvre Baby Doll vêtu d’une courte chemise de nuit allongé en position fœtale suçant son pouce, observé par un trou fait dans un mur par son mari. Et c’est ce que montrera et étudiera Kazan avec ce film, les pulsions humaines à travers notamment quelques scènes marquantes (celle-ci ou encore celle de la balançoire).
D’ailleurs c’est elle la plus intéressante parmi le trio de personnages principaux, (notamment vis-à-vis de celui d’Archie Lee, qui s’avère un peu trop caricatural et malheureusement l’interprétation de Karl Malden n’arrange pas grand-chose), cette femme enfant, belle et capricieuse et qui finalement tient les hommes entre ses mains.
L’histoire est tout aussi intéressante, Kazan met en avant les liens qu’entretien cette femme avec deux hommes qui se haïssent dès le départ ainsi que le comportement humain (vengeance, cruauté, dépits...). Il met en place une atmosphère moite et parfois sensuelle. S’il a déjà mieux dirigé ses acteurs (en même temps, c’était l’un des plus grands dans ce domaine), Carroll Baker et Eli Wallach sont impeccable. On notera aussi ce fond sonore jazzy collant parfaitement à l’atmosphère du film.
Pas un grand Kazan mais un bon Kazan, un portrait de femmes enfant et de ses relations avec les hommes captivant, bien écrit et provoquant.