L'un des westerns les plus saisissants qui soient, "La Poursuite Infernale" décrit - comme "Liberty Valance" - le passage de l'Ouest sauvage (les paysages sublimes de Monument Valley, mais aussi le patriarche sans foi ni loi Clanton) à la civilisation (l'édification de l'église, l'ordre instauré par Wyatt Earp), mais Ford n'en fait pas ici son thème principal. Il plonge dans la noirceur absolue de l'existence humaine, parfaitement symbolisées par le personnage de "damné" qu'est Doc Hollyday : les cadavres des personnages principaux jalonnent le récit, et nul happy end ne vient rasséréner le spectateur. Jouant sur les contrastes entre une action dure et violente, parsemée de scènes lyriques et paisibles, une vision mythique de personnages légendaires basée autant sur leurs hauts faits que sur le détail pittoresque et familier de leur comportement, Ford réalise un film quasiment parfait, rehaussé par un noir et blanc sublime et une interprétation toute de sobriété. [Critique écrite en 2005]