Une jeune fille japonaise de bonne famille va être l'épouse d'un des successeurs de la Mandchourie... qu'il a choisie sur photo ! Ils vont vivre malgré tout en bonne harmonie, avoir une fille, mais l'invasion de cette province japonaise située en Chine par les Soviétiques va changer la donne.
Après le très beau Maternité éternelle, il faudra attendre cinq ans pour que Kinuyo Tanaka revienne derrière la caméra, en racontant l'histoire réelle mais romancée de Hiro Saga, victime collatérale d'une lutte entre japonais et soviétiques. C'est également son premier film tourné en couleurs et en Cinemascope, preuve des moyens importants octroyés par le studio, mais c'est au prix, pour nous autres occidentaux, d'un certain hermétisme dans l'histoire où si on ne connait pas cette histoire de la Mandchourie, il y a de quoi être largué.
Il y a certes des moments assez forts, comme la fuite de la jeune femme et ses proches, son mari étant capturé, où ils fuient la province japonaise en direction de la Corée, une marche qui fait penser aux victimes de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ceux qui devaient fuir les camps, qui mourraient de faim et de soif. On voit aussi le traitement de la couleur par Tanaka, et on sent qu'elle aime beaucoup le rouge, utilisé parfois avec de gros crayons comme bien entendu la passion qui commence à animer les futurs époux lors de leur première et seule rencontre avant mariage, mais aussi celle qui va embraser la Mandchourie en 1945, pour finir sur une tragédie familiale lors du retour au Japon.
La princesse errante est sans doute un film curieux, peut-être trop riche pour les idées de la réalisatrice mais qui dénote d'une recherche formelle intéressante.