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Y a pas à dire, Disney n'est plus tout à fait ce qu'il était dans le passé, et les quelques films des dernières années n'étaient pas particulièrement réussis. On sent bien que le feu sacré n'y est...
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le 14 août 2013
30 j'aime
4
*(cette critique aurait pu s'intituler "En retard" au vu du temps qu'il m'a fallu pour visionner ce film et combler certaines lacunes avec l'univers de la Grande Souris, hélas, mon confrère disneyphile de la première heure Walter-Mouse m'avait déjà devancé depuis belle lurette avec sa critique du Réveil de la Force, que je vous invite à lire si ce n'est déjà fait)
"Du neuf avec du vieux" est la première chose qui me vienne à l'esprit pour décrire La Princesse et la Grenouille. Improbable (et sans doute dernier) retour au dessin animé en 2D alors que l’âge d'or des Grands Classiques en image de synthèse semble battre son plein, remaniement de codes indissociables de ces derniers dans un style et un ton beaucoup plus actuels, touche de couleur mise à l'honneur (est-il besoin de rappeler que ce film marque l'introduction tant attendue d'une princesse noire chez Mickey), et pour couronner le tout réalisation signée par le duo légendaire John Musker et Ron Clements, les mêmes qui nous ont pondu les magnifiques Basil, détective privé, Aladdin, Hercules et La Petite Sirène, dont on retrouve quelques idées ici réexploitées. Nous y reviendront.
Par "remaniement de codes", j'entends que tous les ingrédients d’un Grand Classique Disney sont bien présents, mais utilisés de manière radicalement opposée à ce à quoi nous étions habitués. Pour commencer, la princesse n’a plus rien d’une jeune rebelle en pleine crise d'adolescence guidée par ses rêves et ses états d’âme, ni d’une demoiselle en détresse attendant la venue de son prince charmant pour la tirer d’affaire, ni même d’une midinette atteinte d’un sérieux syndrome de Stockholm (le tout évidemment expliqué en chanson au spectateur), non. Bien au contraire, c’est une jeune femme responsable, consciencieuse, mature, déterminée et courageuse que l’on a sous les yeux, avec un projet d’avenir bien défini. A l’inverse, son alter ego masculin, lui, range au placard épée, cheval et atours de héros ténébreux pour ne demeurer guère plus qu’un godelureau fringuant et féru de musique, dont les nombreuses mésaventures entraînent l’héroïne dans son sillage.
Petite parenthèse.
Il est intéressant de constater cet inversement de tendance à l’aune d’une époque où le féminisme est de plus en plus à la mode et où le terme de "femme indépendante » se fait de plus en plus significatif : ainsi l’homme se retrouve dès le départ en position de faiblesse, totalement dépendant de la femme qui, bien qu’ayant elle-même ses propres problèmes, se voit contraint de l’aider, avant que les deux ne se retrouvent prisonniers de la même malédiction et s’unissent pour régler le problème. Un sous-texte des plus modernes pour un Disney datant de 2005.
Fin de la parentèse.
Le prince n’est d’ailleurs pas le seul dont la masculinité ait été revue à la baisse : son valet est présenté tout au long comme un faire-valoir et un dominé (ce détail fera d’ailleurs l’objet d’un gag très amusant), sans possible espoir de rédemption. Même le méchant, si charismatique soit-il (voir plus bas), passe à notre grand regret au second plan, se reléguant à un simple rôle d’homme de l’ombre et de manipulateur agissant pour le compte d’entités maléfiques qu’il ne fait pas bon prendre à la légère.
Si ce renouveau dans les codes Disney pourrait constituer la plus grande force de La Princesse et la Grenouille, elle constitue aussi hélas sa plus grande faiblesse. Le premier défaut principal que l’on pourrait lui reprocher serait de proposer une intrigue inutilement alambiquée, au rythme de laquelle chacun des personnages (trop nombreux à mon goût) n’ont pas le temps d’exister ou de se développer équitablement. Par exemple, toute la partie dans le marais s’enchaîne sans temps mort alors qu’elle introduit à elle seule trois personnages, qui connaîtront tous un traitement à usage unique :
L’alligator trompettiste de jazz, comique et gros balourd de service, la mama vaudou qui n’intervient en tout et pour tout que le temps d’une chanson, et enfin la luciole caricature de l’Oncle Tom qui écope d’un funeste destin avant que l’on ait eu le temps de s’y attacher.
Autre problème de taille : l’ambiance. Musker et Clements ont beau avoir mis du cœur dans la reconstitution de cette Nouvelle Orléans des années 1900, berceau du Jazz et de la Soul, à aucun moment on n’éprouve le même dépaysement qu’avec les souks d’Agrabah, les fonds marins merveilleux d’Atlantica ou le mont Olympe peuplé de Dieux et de créatures de la mythologie grecque. Par ailleurs, au lieu d’illustrer les choses en musique comme l'avaient fait ses prédécesseurs, La Princesse et la Grenouille se borne à les expliquer, ce qui s’avère assez vite ennuyant.
D’autant plus (ô sacrilège) que les chansons n’ont, pour la plupart, rien de mémorable.
Seule celle du Docteur Facilier - la seule qui reste en tête ! - parvient à nous réveiller un tant soit peu, jouissive s’il en est, colorée ce qu’il faut et accrocheuse en tout point. On pense inévitablement à Ursula et son incontournable Poor Infortunate Souls en admirant avec délectation ce sorcier vaudou sournois et charmeur sceller le destin du naïf prince tout en se mouvant comme un serpent et en effectuant des pas de danse digne de Michael Jackson. Au passage, moi qui d’habitude préfère regarder les films Disney en VF, je dois dire que cette fois la VO s’avère de bien meilleure qualité, tant pour la cohérence des paroles que pour la performance de Keith David.
Un dernier mot sur l’humour ; au mieux surprenant et décalé, au pire assommant et déjà-vu :
MARRANTES : La scène des trois hillbillies dans le bayou, ressemblant à un Wrong Turn pour enfants (fallait y penser !), ainsi que la façon dont Facilier moque le pauvre Laurence qui s’en est pris plein la gueule toute sa vie, arrachant un fou-rire de quelques demi-secondes.
ASSOMMANTE : Charlotte LaBouffe, adorable jeune fille à marier pourrie-gâtée et hyper-active, dont les frasques ont vite fait de donner la migraine.
CONCLUSION
Plus solidement bâti sur le plan scénaristique, La Princesse et la Grenouille manque toutefois de ce petit grain de magie et de fantaisie qui ont réussi à ses congénères, y compris les derniers (je pense surtout à Frozen et à Tangled, simples comme bonjour mais redoutablement plus efficaces dans leurs meilleurs moments). En d’autres termes, le dernier Grand Classique en 2D ne manque pas de personnalité, mais il laisse un arrière goût plutôt fade pour qui aime siffler en travaillant.
6 quand même parce que justement j’aime ça moi, siffler en travaillant.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Le héros balance une punchline au méchant avant de l'envoyer dans les tréfonds de l'enfer, Disney New Age et [SEMI- PARTICIPATIF] Ces méchants de Disney qui pètent la classe, partie 2
Créée
le 30 nov. 2016
Critique lue 694 fois
4 j'aime
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