Rossellini est le père du néoréalisme, corpus de films Italiens qui, au sortir de la seconde Guerre mondiale, mettent en scène l'Italie d'en bas, première victime de la misère causée par les années de dictature et de conflits armés. Une approche réaliste caractérisée par l'utilisation d'acteurs non professionnels souvent filmés dans des décors extérieurs.
Au milieu des années 60, le cinéma Italien est sur le point d'entrer dans son second âge d'or, celui des "filons", une production massive de films aux budgets souvent dérisoires autour d'un succès international ou d'un genre (western, polar, giallo...).
Rossellini ne parvient pas à prendre ce train mais préfère tourner en 1966 pour la télévision Française un film d'époque retraçant les premiers mois au pouvoir de Louis XIV. Évacuant tout le folklore des reconstitutions historiques, le film emprunte la voie stricte du documentaire.
Nous apprenons ainsi des détails de la vie quotidienne de l'époque ou encore le fonctionnement politique sans jugement ni sentiments aucun. Le film ne dote même pas son personnage principal d'un quelconque intérêt dramatique auquel le spectateur pourrait s'identifier.
La modernité dont parlait Godard alors critique aux cahiers du cinéma à l'égard de "Voyage en Italie" du même Rossellini est présente de manière chimiquement pure dans ce Téléfilm. Cette modernité est révolutionnaire en cela qu'elle fait tabula rasa des schémas dramatiques qui faisaient la force du cinéma classique.
Ce postulat de base une fois admis, la temporalité de l'action, autrement dit sa durée, ne pose plus aucun problème.