Comme quoi on peut avoir un master et rester un gros pigeon
Le film noir est un genre tellement codé qu'il est difficile d'en faire un tout en se démarquant des prédécesseurs. C'est tout au moins mon avis. Le genre n'est pas mon favoris, mais je tente de m'y coller. par chance, le temps a permis une sélection naturelle, et même sans rien connaître de l'histoire du cinéma, une simple recherche suffit à vous diriger vers les incontournables. Cependant, ce n'est pas pour son genre que je me suis procuré ce film, mais plutôt pour sa tête d'affiche ; Steve Martin, que l'on sait admirateur des grands classiques des années 40, interprète ici un rôle à la fois sérieux et sombre, un registre auquel il ne nous a pas habitué.
Ce que je reprocherai à ce film, ce que je pourrai reprocher à bon nombre de film du genre, c'est d'être un peu tiré par les cheveux. L'intérêt des films noirs, pour moi, c'est dans l'univers dépeint, les personnages qui se font rouler. Ici, c'est contemporain, et c'est Joseph Ross, un scientifique, qui se fait rouler en beauté. Evidemment c'est n'importe quoi la façon dont les malfaiteurs opèrent. Ils auraient pu le tuer tout de suite et voler ses documents... Mais alors nous n'aurions pas eu de film, en tous cas pas un long métrage. C'est alabiqué, mais c'est servi par de bons dialogues, de bonnes personnages, de bonnes scènes parfois même angoissantes.
La mise en scène va dans le même sens notamment en complétant l'image froide par une musique sournoise. Les acteurs sont bons et l'on sent leur amusement à participer à ce projet. En plus il y a Rebecca Pidgeon, jolie brune tentatrice malgré son aspect commun. Le découpage est somme toute très classique, mais efficace. C'est posé, c'est léché.
Bref, "The Spanish Prisoner" pourra décevoir par sa trame saugrenue, mais touche par la qualité des dialogues et le fun procuré par ces twists exagérés.