Un macrocosme qui palpite en nous
Le tueur tue, parce qu'il le peut. Le fait qu'il soit né ne lui interdit rien. Présenté comme une divinité de la nature déguisée en martyr, Alain est immortel et insaisissable aux yeux des hommes. Il ne rêve que d'une chose, s'échapper du théâtre qu'on lui a forcé à présider. Il ne considère rien et tente de vivre dans un monde qui la créé.
Il semblerait que quelques irréductibles tentent tant bien que mal de faire se sortir le cinéma français contemporain de son carcan d'idéologies mielleuses et mièvres. L'heure est à la bagatelle pour couvrir la panique qui prend les hommes à la seule mention de l'apathie maîtresse de leurs convictions, mais certains osent revendiquer leur adoration à ce nouveau désespoir.
La film débute et se termine sur un regard caméra, mais provenant d'une représentation. La règle du quatrième mur et à demie bafouée par un simulacre ambiguë. On ne sait pas si les humains du film sont des êtres ou des purs produits de l'imaginaire d'un autre. Le tueur partage cette schizophrénie avec le spectateur, lui communiquant autant de dégoût que de fascination pas si morbide que ça. Oscillant entre fébrilité et patience irréelle, on se questionne sur les intentions, sans savoir qu'elles n'ont aucune espèce d'importance. Alain ne veut pas essayer d'avoir de l'empathie pour une jeune femme perdue, il veut tester la légitimité de ses actes.
A cela s'ajoute une volonté formelle qui mérite l'attention, du moins dans le paysage français. Pas besoin de grosses sirènes hurlantes pour justifier un produit industriel. On peut tout simplement filmer une folie comme les autre marquée par la sobriété d'un ciel gris ou d'un soleil plongeant vers une nuit noire, noire comme un coeur flétrit à qui l'on aurait refusé l'ivresse.