Cry of the City

Film noir américain de Richard Siodmak tourné en 1949 vu il y a très longtemps (à la télé, probablement). Ce film m'avait été, judicieusement, remis en mémoire sur SC.

Siodmak est un cinéaste qui a tourné en Allemagne avant de fuir le régime nazi, en France puis aux USA. Il a pratiqué bien des genres mais je pense qu'il s'est fait une petite spécialité dans le polar, plus précisément le polar noir.

Dans "Cry of the City", il met en scène un flic, Candella, qui poursuit un bandit, Martin Rome, à New York. La particularité, c'est que le flic comme le bandit sont tous deux issus du même quartier, Little Italy, et même mieux, ils se connaissent depuis l'enfance. Le flic y est un peu comme chez lui et connait très bien la famille et surtout la mère du bandit qui ne sait plus à quel saint se vouer.

Et c'est vrai qu'on nage, quand même, dans ce film dans une certaine ambiguïté fort curieuse et fort intéressante. Au début, le bandit interprété par Richard Conte parait carrément plus sympathique que le flic, interprété par un Victor Mature. Ce dernier, semble harceler le bandit qui est gravement blessé en voulant le faire avouer un crime. Il profite même d'une sorte de chantage exercé par un avocat : "tu avoues tel crime et les flics passent l'éponge sur un autre crime beaucoup plus grave qui, lui, te mènera direct à la chaise électrique" (en substance afin de ne pas trop spoiler).

Puis, petit à petit, les choses rentrent dans l'ordre. La belle apparence se craquèle petit à petit laissant voir la nature profonde du bandit qui n'est qu'une petite frappe sans scrupules. Alors que le comportement du flic emporte de plus en plus d'empathie de la part du spectateur qui lui découvre une part d'humanité, même s'il s'en défend. Ce phénomène de basculement n'est pas quelque chose d'unique dans le cinéma noir mais, personnellement, j'aime bien être pris, en tant que spectateur ! en flagrant délit de solidarité envers le bandit …

Et là, c'est d'autant plus facile que le visage de Richard Conte est plutôt avenant et que Victor Mature montre une certaine hargne dans sa poursuite de Martin Rome.

Un autre point intéressant soulevé par le film c'est la question de l'exemplarité du bandit au sein de sa famille... dans le comportement du jeune frère. Ce dernier voue une admiration sans borne au frère ainé et même constitue son "échelon logistique", sa base arrière…

Côté seconds rôles, je ne parlerai pas de Debra Paget dans son premier et modeste rôle. Je viens de regarder sur wiki, elle a 15 ans en 1948 …

Non, je préfère évoquer cette Hope Emerson, elle aussi dans son premier rôle au cinéma à environ 50 ans, de masseuse mahousse costaud, tendance perverse, à la calotte facile. D'autant plus impressionnante que Siodmak nous la fait découvrir petit à petit. Dans sa relation avec Richard Conte, elle lui volerait presque la vedette…

Au final, c'est un polar bien noir, bien typique du genre.

Même si la dernière scène, voire la dernière image, casse un peu l'ambiance et me parait bien inutile.