Festival de Deauville, séance de minuit. On vous avoue de suite qu'on a bondi de notre fauteuil (étant le meilleur public au monde pour cela) facilement trois ou quatre fois. Pour au final avoir un désaccord monumental sur l'explication du film dans notre groupe. Nous avons donc une première version totalement fantastique (
à la Amityville : il y avait bien un esprit maléfique dans la maison, qui a poussé le mari à tuer et a voulu s'emparer de la femme
), et version 2 totalement pragmatique (
la femme n'arrive pas à faire le deuil de son mari, surtout depuis qu'elle découvre sa double-vie terrifiante, et s'invente un délire de persécution, se blesse elle-même...
). Le film laissant la porte ouverte à toute interprétation, vous n'aurez pas tort de pencher pour l'une ou l'autre des deux fins (ou pour une autre encore), même si de notre côté, on préfère la version fantastique. Rebecca Hall est inspirée dans le rôle de la jeune femme qui se retrouve sans arrêt seule dans le noir et dans le silence le plus complet, durant de longues minutes où l'on n'attend seulement le gros coup de trompette pour nous faire bondir, soit le cliché du genre horrifique actuel, dont on sature carrément. Vraiment dommage que le ressort terrifique s'abaisse à ce genre de facilité, quand La Proie d'une ombre se prenait si bien la tête pour nous offrir un scénario étoffé et intéressant. Un déséquilibre qui nous paraît d'autant plus dommage que le scénariste et l'actrice ne sont pas les seuls à avoir contribué à nous faire passer un assez bon moment, à ces derniers on peut rajouter les chefs décorateurs qui nous ont offerts deux versions des maisons très belles (l'une parfaite pour les apparitions, l'autre - plus lugubre - qui fait peur sans avoir besoin d'apparitions). Chacun pourra comprendre sa fin, le scénario étant doté d'atouts narratifs à double-sens, qui malheureusement perdent de leur crédibilité avec les éternels coupures de son et coup de klaxon (pas finaud...) pour s'assurer de faire sursauter son spectateur.