Pas une scène n'a pas déjà été vue, pas une ligne de dialogue déjà lue, pas une note de musique déjà entendue (venant ici comme combler artificiellement le vide - 1h20 de musique sur 2h d'images, tout de même).
Edouard Bergeon, qui s'était montré bien plus juste et près du terrain avec Au Nom de la Terre, se prend ici pour Edward Zwick ou Michael Mann avec ce thriller politique qui ne nous épargne rien.
Ni son montage à la machette ou son rythme pénible, entre téléfilm trop long et série trop courte.
Ni son écriture à la truelle bourrée de ficelles faussement habiles, d'incohérences et de facilités.
Ni son casting grossier, aux comédiens comme bloqués sur une fréquence unique (Alexandra Lamy, en mode mamounette naïve mais déterminée, ridiculement écrasée par des forces évidemment plus fortes qu'elles, ou le sympathique Félix Moati, en mode mineur, tête baissée et air grave), lorsqu'ils ne sont pas carrément parodiques.
Ni son message politique distillé (et par là-même tristement gâché) à la massue et à coup de plans de forêts et d'animaux catapultés à la va vite, comme bien utiles (donc inutiles) pour prouver un écologisme sincère mais faiblard et pauvrement radical.
A l'apparition (presque miraculeuse) de Philippe Torreton, La Promesse verte (qui n'en remplit aucune) prend quelques minutes d'envol et une épaisseur politique et manipulatrice, bien que furtive, lorsque les acteurs du Bien se retournent contre eux-mêmes pour préfèrer le silence pour une vie.
Mais il ne reste au total pas grand chose à ce Blood Diamond du pauvre, qui gâche tout son message et prouve une nouvelle fois que la France a encore beaucoup de chemin à parcourir pour ne serait-ce prétendre s'approcher des Américains et des plus grandes reussites de leur cinéma géopolitique.