Bien que l'histoire soit générique, un plaisant film d'action à l'ancienne qui s'affranchit des mode

Difficile de comprendre pourquoi ce film d’action honnête et plutôt sympathique se voit assassiné de la sorte par une bonne partie de la critique. Cela fait du bien de voir une série B du genre qui sorte un peu des sentiers battus et des modes en vigueur actuellement, qui se la joue presque à l’ancienne. En revanche, on ne peut pas dire que de choisir une nouvelle fois un personnage féminin en tête d’affiche soit des plus innovant. En effet, depuis quelques années et en faveur de l’égalité des genres et des sexes amplifié par le mouvement #metoo, on voit fleurir sur les écrans des action women à toutes les sauces. Avant elles étaient peu, on comptait sur les doigts d’une main les Milla Jovovich ou les Angelina Jolie, aptes à ce qu’on les laisse porter un film d’action à gros budget sur leurs épaules. La gent féminine servait davantage de faire-valoir et le female power n’existait pas. Aujourd’hui c’est presque l’inverse. Ce qui au début était plaisant et souvent réussi, comme le montre « Atomic Blonde » par exemple ou le très récent, dingue et jubilatoire « Bloody Milkshake », devient un peu lassant aujourd’hui et semble devenir une recette. Néanmoins Maggie Q se révèle une tête d’affiche plutôt charismatique et crédible ici et emporte l’adhésion sans souci. La sempiternelle histoire de tueuse à gages face à un complot reste certes très générique et les rebondissements sont assez convenus mais tout cela se suit sans déplaisir et surtout sans aucun temps mort.

Là où « La Protégée » se différencie un peu du reste de ces revenge movies au féminin c’est par son traitement visuel et la façon dont sont shootées les séquences d’action. Le vétéran Martin Campbell qui a réalisé deux James Bond de différentes époques, « Goldeneye » avec Pierce Brosnan puis « Casino Royale » avec Daniel Craig, s’y connait en spectaculaire et grosses productions. Il a bien vu évoluer le domaine et nous propose un film d’action aussi contemporain que suranné selon le prisme par lequel on l’appréhende. Il applique ici ses connaissances de vieux briscard de l’action en mode mineur et à la limite de l’introspection auto-parodique. En gros, sa proposition est tout aussi moderne (visuellement notamment) que vintage dans son traitement (la tonalité en premier lieu). Les combats à main nues et fusillades sont filmées posément (merci, on peut enfin voir qui fait quoi et ce n’est pas si souvent) et cela va à l’encontre du montage syncopé souvent en vigueur à l’heure actuelle. Le film satisfait et innove la plupart du temps sur ce qu’on attend de lui, en l’occurrence des combats beaux et variés. On apprécie également la relation vénéneuse entre le personnage principal et celui de Michael Keaton qui apporte un surplus de tension (érotique cette fois) à cette œuvre de série et une touche d’originalité. Et le contexte exotique du Vietnam apporte aussi son lot de fraîcheur et de dépaysement, surtout qu’il est bien mis en valeur. Un film d’action très divertissant dont le côté old school mêlé à certaines modes actuelles n’est pas pour déplaire.

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