El castigo, du réalisateur chilien Matías Bize, se déploie en un plan-séquence de 86 minutes. Le cinéaste l'a tourné à 7 reprises, en autant de jours, et a retenu la "version" qu'il considérait comme la meilleure. La question de savoir ce qu'apporte le procédé, au regard de son sujet (un enfant disparaît à l'orée d'une forêt, ses parents s'inquiètent), a priori de la tension et du suspense, est difficile à trancher. On peut aisément y voir un exercice de style, certes virtuose mais aux limites identifiables. Quoi qu'il en soit, cette évaporation d'un fils est un prétexte pour confronter un couple à ses conflits larvés et à ses ressentiments recuits. Plus profondément, même, le film traite de l'instinct maternel (certaines femmes qui s'en trouvent dénuées ont-elles le droit d'assumer cet était de fait, sans être montrées du doigt ?). Cette question, quasi taboue il y a quelques années seulement au cinéma, est aujourd'hui abordée régulièrement, et frontalement dans El castigo. Dans un rôle complexe, pétri d’ambiguïtés et de contradictions, et finalement peu aimable, Antonia Zegers (Une femme fantastique, Chili 1976) impressionne par son jeu subtil et puissant à la fois. Et maintenant, définissez selon vous ce qui différencie une bonne d'une mauvaise mère. Vous avez 4 heures.