Pour les quadras ou quinquas, le souvenir de “Twilight Zone : The Movie”, rappelle malheureusement le terrible accident qui coûta la vie à l’acteur Vic Morrow ainsi qu’à deux jeunes enfants acteurs lors du tournage. Mais si l’on fait abstraction de ce drame, il n’en reste pas moins que le long-métrage sorti en 1983 reste à ce jour, une référence en matière de films à sketches malgré ses différences de rythme et son segment spielbergien raté (avis perso).
Fragmenté en quatre histoires distinctes liées par un fil conducteur en prologue ("Something Scary") et en épilogue ("Even Scarier") réalisé par John Landis, “Twilight Zone : The Movie” est un écrin fantastico-horrifico-comique des plus intéressants. Inspiré bien évidemment par la série télévisée éponyme de Rod Serling débutée en 1959, ce long-métrage cinéma laissera à des réalisateurs confirmés comme Steven Spielberg, John Landis ou encore Georges Miller, le soin de montrer l’étendue de leur talent sur de courtes durées et permettra aussi de savourer le segment cartoonesque en diable d’un certain Joe Dante.
Sur une route déserte, au beau milieu de la nuit, dans une voiture, au son de la chanson “The Midnight Special” du groupe Creedence Clearwater Revival, un auto-stoppeur (Dan Aykroyd) et le conducteur (Albert Brooks), qui l’a pris en charge, chantent accompagnés par l'autoradio. Quand celui-ci rend l’âme, le duo décide alors de jouer à fredonner les génériques des séries TV, jusqu’à entonner celui de “Twilight Zone”. C’est alors que le spectateur plonge dans une dimension parallèle. Tout commence avec “Time Out” de John Landis. Dans cette histoire de racisme ordinaire, un certain Bill Connor (Vic Morrow), après avoir débité tout un tas d’inepties xénophobes face à ses collègues dans un troquet, se retrouve tour à tour dans la peau d’un Juif dans la France occupée, un noir pourchassé par le Klu Klux Klan, puis dans la peau d’un asiatique lors de la guerre du Viêtnam, jusqu’au traumatisant final. En s’inspirant de l’épisode “La Grandeur du Pardon”, (saison 3 épisode 15), John Landis entraîne le spectateur dans les recoins les plus sombres de l’être humain à travers l’histoire avec un grand “H”. Une belle prouesse cinématographique entachée par l’effroyable accident d’hélicoptère de triste mémoire.
Steven Spielberg, pressé par les exécutifs de Warner de finir le film malgré les tragiques événements - et oui "Time is Money" - décide de reprendre à son compte “Jeux d’enfants”, (saison 3 épisode 21) et d’en faire un remake. Dans la lignée du futur “Cocoon”, “Kick The Can” narre l’histoire de l’énigmatique Monsieur Bloom (Scatman Crothers) qui réapprend, à sa façon, l’enfance aux pensionnaires d’un hospice. Résultat, Spielberg livre une fable poétique lente et bien trop sage - qui se trouve être l’exact opposé du premier segment, certainement une façon pour lui d’exorciser ses démons.
Heureusement, le troisième segment viendra insuffler un brin de folie décalée à l’ensemble. “It’s a Good Life”, remake de l’épisode “C’est une Belle Vie” (saison 3 épisode 8), voit un jeune garçon tyrannique utiliser d’étranges pouvoirs pour retenir prisonnier dans un univers de dessin animé, un groupe de gens qu’il force à être sa famille ! Joe Dante ("Piranhas"et “Hurlements”), en donnant aux spectateurs de quoi rire et trembler - dans une approche ultra-cartoonesque aux effets visuels géniaux - doit déjà penser à son futur diptyque des “Gremlins” ou encore les “Looney Toons”.
En quatrième position, voici qu’arrive sans crier gare, le segment “Nightmare at 20,000 Feet” remake de “Cauchemar à 20 000 Pieds” (saison 5 épisode 3). Cet épisode écrit par Richard Matheson (“Je suis une Légende”) et réalisé à l’époque par Richard Donner, se voit 20 ans plus tard, rajeuni et confié aux bons soins de l’Australien Georges Miller (“Mad Max”). Dans ce huis clos à bord d’un Boeing 747, John Valentine (Génial John Lithgow), un auteur expert en électronique de pointe est gagné par une peur panique - en cause un violent orage - celle-ci atteindra son paroxysme, lorsqu’en scrutant le ciel par le hublot, John aperçoit une étrange créature - un Gremlins, symbole d’une grosse guigne en terme aéronautique - sur l’aile de l’avion ! Est-ce un cauchemar ou bien la réalité ?
Ce petit bijou de paranoïa et d’humour noir aura droit lui aussi à un quasi-remake version Seconde Guerre mondiale avec “Shadow in the Cloud” de Roseanne Liang sorti en 2021. Et enfin, la chanson “The Midnight Special" retentit une dernière fois sur le tarmac de l’aéroport quand John Valentine est emmené en ambulance. La boucle est alors bouclée !
En visionnant ou revisionnant “Twilight Zone : The Movie” : “Vous allez pénétrer dans une autre Dimension, élargir votre cadre de vie habituel et déboucher dans une zone où la réalité peut à tout instant basculer dans le fantastique. Attention ! Vous entrez dans la Quatrième Dimension !”(Rod Serling).

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le 31 juil. 2021

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