Note peut-être un peu sévère tant « La Rafle » n'est pas la daube pénible et pleurnicharde que l'on pouvait craindre, mais relativement méritée tant l'entreprise souffre de défauts insurmontables. Pourtant l'illusion aura tout de même duré une trentaine de minutes, précisément le temps que Rose Bosch nous offre une présentation des personnages plutôt honnêtes ainsi qu'une scène remarquable et de très loin la meilleure du film : la Rafle elle-même, filmée de manière sobre et particulièrement poignante. Le reste n'est hélas aucunement à la hauteur des ambitions de la réalisatrice, cette dernière se contentant d'une illustration proprette et assez froide des événements ayant alors suivi, si bien que sans vraiment s'ennuyer, ce qui aurait dû être un déchirant moment de cinéma se transforme en téléfilm de bonne facture aussi sincère que lourdaud. Mais au final c'est bien cet incroyable manichéisme dans les rapports humains qui nous choquent le plus : en effet c'est bien connu, en France à l'époque il y avait simplement un ou deux commerçants antisémites, tous les autres étaient des gentils compatissants au sort des Juifs. De plus, on a la fâcheuse impression qu'il n'y a quasiment que des enfants amenés dans les camps tant le film oublie de nous offrir un vrai propos et suffisamment de personnages adultes, sans doute une fois de plus pour faire pleurer dans les chaumières : nouvel échec. Reste la prestation hypersensible d'une Mélanie Laurent toujours aussi inspirée, mais ne nous y trompons pas : c'est bel et bien sur le fond qu'on a misé ici et ce presque totalement au détriment de la forme et en conséquent d'une émotion vraie : pas de doute, il y avait de quoi faire nettement mieux que cette « Rafle » passable mais bien trop académique et facile pour séduire.