Un film qui est en quelque sorte un cas d'école. Il est historiquement bien informé, il y a des choses qui sonnent juste (événements, dialogues), et pourtant le film dans son ensemble fait terriblement faux, la faute à des dialogues ou situations vraiment trop démonstratifs et des choses tellement too much (Hitler...) qu'on se demande si ce n'est pas fait exprès. En fait la réponse est simple, Rose Bosch n'avait pas les épaules, en tant que scénariste/réalisatrice, pour traiter le sujet. Certaines scènes (ou certains dialogues) semblent venir directement d'ouvrages sur le sujet, comme la scène de la fillette qui ne connaît pas son nom de famille: j'ai lu un moment semblable dans le livre La Grande Rafle du Vel d'Hiv, au point que je m'attendais à ce qu'on cite aussi l'histoire des gamins qui ne savaient dire que "on habite au 2".. Un côté "la rafle pour les nuls" qui agace plus qu'il n'émeut, et qui donne au film un aspect de compilation de moments choisis, ressemblant aux reconstitutions qu'on voit parfois dans les documentaires historiques.
De plus, malgré son titre, le film montre peu de choses de la rafle en elle-même (dans Paris) . Le moment le plus juste (ou le moins faux) est la partie à Beaune-la-Rolande, quand hommes , femmes et enfants sont séparés. La fin à l'hôtel Lutetia commençait assez bien, mais elle est gâchée par son côté mélo démonstratif et une illustration musicale hors sujet (le Clair de lune de Debussy, c'est très beau, mais on se demande ce que ça vient faire là). Mieux aurait valu une musique composée pour le film, et se faisant discrète.
La reconstitution n'est pas mauvaise (au contraire), mais au bout du compte, on n'y croit pas plus que ça (surtout dans la partie à Paris). Le générique final remercie les habitants d'un immeuble du XVIIIème arrondissement, mais toutes les scènes de cette partie-là (la vie avant la rafle)sonnent terriblement artificiel.
Jean Reno a peu à faire (heureusement, car son personnage est mal décrit - dans un rôle comparable, beaucoup plus bref, d'ailleurs, Christian Clavier est bien mieux servi dans Un sac de billes), Mélanie Laurent interprète un personnage inspiré par une personne réelle, Annette Monod, mais très mal traité et tellement changé par rapport à la réalité qu'on peut se demander si le choix de ce nom n'est pas une coïncidence
Pour info, quelques détails sur la vraie Annette Monod.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Annette_Monod
Et non, je n'ai pas pleuré. j'ai plutôt été agacée, voire énervée. Surtout par les gamins, même le petit Nono. Ce qui ne m'a pas empêchée tout de même d'être un peu émue à la fin.