Boule rageante
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le 14 août 2015
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Ce soir et pour la première fois, je ne vous parlerais pas trop du film dans ma critique. Quand même un peu, parce que bon 7 de moyenne pour cet étron j'ai franchement du mal à comprendre, mais je vais surtout insister sur le rapport que peut entretenir une oeuvre sur le spectateur, ou plutôt sa totale inefficacité après avoir été témoin d'une petite bastonnade idiote (et bien trop anodine) en ce soir du 26/07/15 aux Halles à la séance de 20h15 (un petit coucou à ceux qui y étaient).
Pour parler du film, en gros La Rage au ventre raconte l'histoire d'un boxeur bien bourrin qui, au sommet de sa gloire,
perd sa femme
suite à une provocation idiote ce qui entraînera sa descente aux enfers. Mais, pour retrouver l'amour de sa fille, il va se reprendre en main, s'entraîner sur fond de Eminem avec un coach à moitié aveugle mais non moins sage, puis faire un dernier combat salvateur. Bla bla bla, l'intrigue est cousue de fil blanc et ne contient aucune surprise, les effets de style à la Tony Scott sont légions, le reste de la BO est merdique et y'a 50 Cent. En plus ça finit bien putain.
Bref, à part la rage particulièrement éloquente de Jake Gyllenhaal et des combats de boxe bien filmés (je peux te dire que tu ressent chaque coup de poing comme un coup d'enclume), je ne vois pas ce qu'il y a à sauver du film (n'oublions pas non plus la sexyness de Rachel McAdams, il est vrai). Des ralentis, de l'ennui, du cliché, du racolage pour faire pleurer.
Mais revenons à nos moutons (c'est bien le bon mot). Comment se battre, sans doute suite à des provocations évoquant des mères ou des soeurs, alors que le film véhicule précisément le contraire ?? (pas avec une grande véhémence certes, mais
la femme se fait clairement tuer
car Jake répond à une provocation vulgaire par "dignité", car bon c'est pas une "tapette" quoi).
Je suis sans doute naïf en disant ça, mais comment avoir foi au cinéma et aux rôles des images après cela ? Les gens ne réagissent pas aux images, ne réfléchissent pas. Peut-être plus, je ne sais pas. Car si je veux faire du cinéma depuis plusieurs années maintenant, c'est notamment parce que je crois que la culture a un rôle à jouer au niveau de l'éducation, en tout cas à long terme. Un rôle que je pensais parfois plus important que l'éducation parentale (et ne parlons pas de l'éducation politique), ou en tout cas ayant une place importante de substitution lorsque les autres éducations ne sont pas à la hauteur.
Alors quand je vois des gamins se battre suite à un film prônant le contrôle de soi (pas tellement le respect, ce qui manque beaucoup dans les films de sports, mais bon c'est encore une autre étape), je ne peux qu'être complètement décontenancé, énervé et surtout désespéré sur la véritable force sociétale de l'art. Reste encore l'impact émotionnel, et si la Rage au ventre était un bon film peut-être en aurait-il eu, mais j'ai tendance à croire que cet impact est nul pour tout être qui n'y est pas habitué ou au moins prêt à recevoir cet impact.
L'éducation et le respect d'autrui c'est quand même le problème à la base de tous les autres, en fait. Si un film est obligé de faire de la démagogie pour toucher et qu'en plus il n'y arrive pas, c'est un bien mauvais monde dans lequel nous vivons mes amis. Monde de merde comme disait l'autre.
Mais bon, si j'étais autant sur les nerfs en sortant de la salle, c'était quand même surtout parce que je venais de voir un film bien pourri.
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Créée
le 26 juil. 2015
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20 commentaires
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